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Culture d'info. Emily Loizeau: "Il y'a quelque chose de joyeux à recréer un monde"

La chanteuse très engagée dans la lutte pour l'environnement appelle à investir la convention citoyenne qui s'ouvre la semaine prochaine.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Emily Loizeau, invitée de franceinfo, mercredi 12 septembre 2018.  (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Forcément déçue par le sommet de la terre à l'Onu qui n'a débouché sur rien, Emily Loizeau souhaite que la consultation de 150 citoyens tirés au sort, souhaitée par le président Macron, soit un grand rendez-vous pour des prises de décision concrètes.  

Que peut-on attendre de cette consultation ?  

Je trouve que c’est très intéressant, je ne suis pas dupe du fait que tout ça soit une manière de communiquer très adroite de notre président, mais si on montre une présence et un intérêt pour cette assemblée citoyenne, on montrera qu’il y a une attente et une attention des citoyens sur cette question. Ça dépendra aussi de nous et pas seulement du bon vouloir d’Emmanuel Macron, s’il sent que tout le monde s’en fout, il bottera en touche. C’est tellement facile de traiter Greta Thunberg d’extrémiste qui divise, ça témoigne tellement d’un manque de lucidité absolu sur la situation dans laquelle on est que c’est flippant ! Le président est coincé à un endroit, c’est pour ça que la pression populaire doit monter, on ne peut pas attendre que nos dirigeants prennent des décisions aussi radicales. Cette consultation citoyenne peut le coller au mur et forcer le passage de certaines lois.  

Greta Thunberg est-elle la bonne porte-parole de ce mouvement ?  

Je ne sais pas si la question doit se poser en ces termes, pour moi, oui, elle est une bonne porte-parole, dans la mesure où elle est la génération qui va devoir subir tout ça. Evidemment qu’elle est jeune, mais ça me fait rire tous ces mecs qui disent qu’on nous envoie des gens à l’assemblée qui sont plus éduqués en la matière, des scientifiques et pas une gamine de 16 ans, mais c’est déjà fait ! Le rapport du Giec il est là ! Ça fait 30 ans que ça dure ! Donc les avis des scientifiques, ils les ont déjà. Elle, elle a eu ce cri de rage !  

Quel a été pour vous le déclic ?  

Quand je me suis installée en Ardèche, j’étais au contact de gens qui travaillent la terre, des éléments, c’est là que ça a commencé. En plus, est arrivé sur ce territoire la lutte contre les gaz de schiste, qui allaient bousiller la région et cette grande sensibilité que j’avais sur ces questions est devenue une prise de conscience beaucoup plus approfondie et concrète. Ce que je veux dire aussi, que tout ça fait peur, qu’il y’a quelque chose de tragique, mais, il y a quelque chose de galvanisant et de joyeux dans la perspective d’être pionnier de quelque chose de neuf, d’une autre philosophie, d’une autre organisation qui soit plus locale, plus respectueuse, plus consciente des inégalités sociales, car tout ça va ensemble. Il y a un monde à recréer, un fonctionnement à inventer et moi, je prends une joie infinie à consommer de manière plus locale, manger moins de viande, essayer de fabriquer moi-même mes produits ménagers. Effectivement, dans la position qui est la mienne, c’est plus facile, je n’en suis pas à me demander si je peux remplir mon frigo à la fin du mois. Ça ne peut pas marcher pour tout le monde, tant qu’il n’y a pas une volonté politique. Ça peut être une joie pour tous, s’il y a des engagements concrets, comme sortir définitivement des pesticides et d’accompagner les agriculteurs pour que financièrement ils soient en mesure de partir dans une production différente et que cette nourriture-là soit accessible à tous, d’aller vers des circuits locaux. Ce ne sera pas vraiment un manque de ne pas acheter la dernière console toute neuve, ou le dernier jean qui déteint sur les doigts tellement il est blindé de produits chimiques. On va trouver d’autres moyens de vivre ensemble en dépensant moins. Cela parait utopiste, mais l’utopie c’est une réflexion sur le possible, ce qui n’est pas encore advenu mais qui est possible et c’est à nous de le faire advenir… pour revoir des coquelicots un jour.      

Entretien avec Emily Loizeau par Thierry Fiorile
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