Crimes à bronzer : "Zulu" de Caryl Ferey
L’Afrique du Sud, sans fard ni loi. Voilà le visage post-apartheid dépeint dans Zulu du français Caril Ferey, loin du refrain "Asimbonanga" chanté quelques années plus tôt par Johnny Clegg, loin du Mondial et des vuvuzelas. Ce pays se résume ici en quelques mots : meurtres, viols, tensions raciales, sida, gangs. Installée dans la ville de Cape Town, l’intrigue navigue entre misère la plus crasse et quartiers cossus.
Zulu , un décor ultraviolent touchant aussi bien les enfants, que la fille d’un ancien champion du monde de rugby cruellement assassinée, une drogue à la composition inconnue semblant être la cause de ce massacre socialement explosif. L’équipe d’enquêteurs au centre du roman se met alors en marche sous la pression. Une équipe composés de trois anti-héros, une micro Afrique du Sud : un zulu, chef de la police criminelle de Cape Town, vitrine de l’Afrique du Sud, mais qui cache mal une blessure d’enfance, un zulu symbole, donc, accompagné d’un fils de Boer, et d’un Afrikaner. Ils sont tous amis, ils sont aussi blessés que leur pays. Et cette nouvelle enquête est loin, très loin des discours de réconciliation nationale.
Portrait au vitriol de cette Afrique du Sud de l’après-Mandela, Zulu n’est pas ce qu’on appelle un guide touristique. Livre politique, roman social, Zulu est surtout un formidable polar brutal, une sombre balade haletante de réalisme qui n’hésitera pas, au final, à déterrer les morts. Un polar humain, psychologique, politique, à couper le souffle, à provoquer des haut-le-cœur.
Zulu , de Caryl Ferey, est disponible aux éditions Gallimard.
Le livre a été adapté pour le cinéma par Jerôme Salle en 2013.
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