Interdiction de X au Brésil : le duel entre Elon Musk et un juge de la Cour suprême
Il est reproché à Elon Musk, de dépasser trop de limites aux yeux de la justice brésilienne. Après avoir fermé les bureaux de X au Brésil, à la mi-août 2024, l'entreprise n'avait pas de représentant légal dans le pays et personne pour répondre aux accusations du juge Alexandre de Moraes. X doit également 18 millions de réales, soit 3 millions d'euros et il n'y a personne pour régler la facture.
Cependant, Elon Musk avait déjà défié la justice brésilienne, en avril 2024, lorsqu'il avait réactivé des profils d'extrême droite diffusant de fausses informations. Ces profils avaient été suspendus dans le cadre d'une enquête sur la tentative de coup d'État de l'ancien président Jair Bolsonaro en 2023. Le bras de fer s'est intensifié quand le juge de la Cour suprême a bloqué les comptes de Starlink, le fournisseur d'accès à Internet par satellite dont Elon Musk est propriétaire.
À un mois des élections municipales, cette décision est avant tout politique, puisque dans ce duel, il y a le juge Alexandre de Moares, figure de la lutte contre la désinformation au Brésil et devenu bête noire des partisans de Jair Bolsonaro. De l'autre, il y a l'homme le plus riche du monde, patron de X, Tesla, Space X et proche de Donald Trump.
Désinformation ou liberté d'expression
Elon Musk brandit l'étendard de la liberté d'expression contre la censure d'un juge qu'il qualifie volontiers de dictateur. Sur son profil X, il s'est largement amusé à publier des montages du juge en Voldemort dans Harry Potter. Alexandre de Moraes, quant à lui, accuse le milliardaire d'instrumentalisation criminelle de la plateforme. Depuis le 2 septembre 2024, la décision n'est plus celle d'un seul homme puisque la Cour suprême a confirmé la suspension de X à l'unanimité dans une session virtuelle.
Du côté des utilisateurs, certains comprennent les motivations du blocage et les autres, qui détestaient déjà le juge Alexandre de Moraes, se rangent du côté d'Elon Musk. Avec 22 millions d'utilisateurs au Brésil, le pays est le sixième marché de la plateforme. Certains se sentent pris en otage dans ce conflit, d'autant plus que ceux qui essaieraient de contourner l'interdiction, par des simulateurs de réseaux, comme des VPN, s'exposent à une amende de près de 8 000 euros. Enfin, depuis l'interdiction, les internautes se tournent vers d'autres réseaux sociaux, comme Threads de Meta, ou encore Bluesky, qui aurait gagné 1 million d'abonnés.
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