La construction amateur est une vieille tradition française.On adore bricoler tout ce qui roule, flotte ou vole. De la Jamaiscontente , la 1ere voiture électrique en 1889, au BlériotXI qui traversa la Manche en1909, ces passionnés ont toujours montré la voie des initiatives individuelles. Le 1er des constructeursamateurs acertainement été le franco-brésilien Santos-Dumont qui, à Paris il y aplus de100 ans, construisait la Demoiselle ,un petit avion léger et solide (en bambou) pas cher et accessible auplus grandnombre puisque les plans étaient offerts gratuitement.Mais l'aviation dite populaire est née avec lefront du même nom en 1936, grâce à Henri Mignet, inventeur du Pou duciel , une machine simple àconstruire et facile à piloter. Alain Mignet,son petit-fils, nous explique l'engouement mondial suite à lapublication del'ouvrage de son grand-père Lesport de l'air qui contient tous les plans et mode d'emplois deconstruction et de pilotage.Son Pou du cielpar sa simplicité, sa facilité de pilotage (il ne décroche pas), sonprix équivalentà une moto, en ont fait un succès mondial. Grâce à lui, naît uneaviation populaire. "Sivous savez clouer une caisse, vous pouvez construire un Pou du ciel "disait-il. En france, cette aviation populaire perdure plus quejamais.Elle est coordonnée par la fédération des réseaux des sportsde l'air (RSA). Son président Hédi Belage nous indique que plus de 2500 avions de constructionsamateur volent en France, soit autant que les avions construits ensérie. Cet engouement s'est accéléré avec les Kits et la réglementatinqui va avec.Paradoxalement il est plus facile de faire certifierun avion en construction amateur qu'une voiture.La France, touteproportion gardée, possède la plus grande flotte au monde d'avionsconstruitspar des amateurs. Cela permet également de voler d'une façon trèséconomique. Exemple : la Souricette , un monoplace construit pardes jeunes dans des chantiers de formation-insertion (les Ailes de laville) coûte moins de 5 000€ et consomme moins de 2 litres aux 100kms.Environ 2 500 avions sont ainsi en circulation, dont unnombre important de répliques et d'avions de collection.Le plus grand meeting du monde des constructeurs amateurs a lieuchaque année au mois de juillet aux Etats-Unis, àOshkosh dans le Wisconsin aux Etats-Unis.Organisé par l'EAA (Experimental AeronauticalAssociation), il rassemble plus de10 000 avions qui viennent des Etats-Unis mais aussi du monde entier. Un millionde visiteurs se retrouvent dans ce qui est considéré comme "La Mecque del'aviation".Pour autant, la construction amateur est chronophage. HédiBelage nous raconte qu'il sagit le plus souvent d'une passion partagée encouple, sinon on risque de voir se multiplier ce genre d'annonce parue dans unjournal aéronautique : "à vendre avion en cours de finition,Jacqueline revient !"Mais la construction amateur neconcerne pas que les avions. On construit également des hélicoptères, desplaneurs, et même des ballons. Vincent Leys et son frère ont non seulementconstruit leur ballon, mais ils ont gagné les championnats du monde dedistance avec.Ces championnats, sous le nom de "Gordon Bennett", ont étécréés en 1906 à Paris (départ des Tuileries) et le règlement est simple :tout le monde part en même temps et celui qui va le plus loin a gagné. Ainsiles frères Leys ont gagné cette course en 1997, ce qui n'était pas arrivé à laFrance depuis 1912 !Depuis, ils ont gagné 6 fois cettecompétition et toujours avec un ballon construit de leur propres mains. Un faitunique au monde.La construction amateur,spécificité française, est d'une grande richesse qui, mise en réseau, fait desmerveilles. Et nos collectivités et industriels feraient bien, comme le fait laNasa ou Boeing aux Etats-Unis, de s'eninspirer.Burt Rutan a ainsi conçu desmachines de rêve, y compris l'accès à l'espace avec Virgin et les volssuborbitaux.De plus, c'est en s'appuyant sur ces réseaux encollaboration avec les musées, qu'il est possible de maintenir en état de vol nombred'appareils de collection : une passion au service du patrimoine, une passion peuconnue qui ne demande qu'à être partagée.