Cet article date de plus de douze ans.

Les caprices de la Seine

La Seine moyen de transport ancestral de Paris, pourrait un jour sortir de son lit car il est admis qu’une crue dite "centennale" est fortement probable.
Article rédigé par Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Franceinfo (Franceinfo)

"Ports de Paris" avec, entre autres, son site de Gennevilliers est
le 2e port fluvial d’Europe en terme de marchandises et le 1er au
monde en trafic fluvial passagers avec 7 millions de touristes transportés
chaque année.

Un GIE "Haropa" (harbor of paris ou le HAvre-ROuen-PAris ) vient
d'être constitué pour devenir une plate forme fluvio-maritime de taille
mondiale.

Mais l'histoire nous a montré que la Seine pouvait être capricieuse et une
crue exceptionnelle (la crue centennale) était probable. Les effets seraient
sur Paris du "jamais vu".

François Landais directeur de l’agence Paris-Seine, à Ports de Paris, nous
explique que l'urbanisation croissante alliée à une pluviométrie importante,
malgré les grands réservoirs (lacs artificiels) en amont de Paris, régulants les crues et les
sécheresses, pourraient provoquer la crue centennale tant redoutée.

La particularité de la région parisienne est la densité de ses habitants
situés en zones inondables, et cela fait beaucoup de monde ! Pascal Popelin, maire
adjoint de Livry-Gargan est Président de l’établissement public "Seine Grand Lac". Il gère les 4 barrages réservoirs en amont de Paris.

Il évalue le nombre de personnes touchées directement ou indirectement entre
2 et 5 millions et les dégâts (remise en état des réseaux, des édifices,
nettoyages....) aux alentours de 20 milliards d'Euros, soit 20 fois le coût de
la tempête Xynthia. D'après lui, près de 800 000 personnes seraient privées d'électricité, sans compter les coupures d'eau et le problème d'évacuation des déchets. Par ailleurs, des mesures de précautions sont prises, comme celles de mettre "hors d'eau" les bâtiments (musées...) et de sécuriser les systèmes informatiques ou encore les archives.

Le Général Serge Garrigues est le chef d'état major de la zone de Défense de
Paris
. Sous le contrôle du Préfet de Police de Paris, il assure la coordination des secours et approvisionnements des personnes qu'on inciterait alors à rester le plus possible chez elles.

Cette solution est privilégiée à un déplacement massif des populations, d'autant que la crue généralement, ne dure que quelques jours.

Il tempère les effets par le fait que "la crue est aujourd’hui
prévisible à au moins 8 jours", "et cela donne du temps pour informer
et mettre les gens vulnérables hors de danger"
comme par exemple évacuer les malades des hôpitaux situés en zone inondable (comme celui de Georges Pompidou) et les répartir sur d'autres lieux d’accueil.****

Par ailleurs, cette préparation exemplaire à la hauteur de l'événement s'il
se produisait, peut servir à d'autres catastrophes du type du plan ORSEC. une
évacuation d'urgence des déchets (5000 tonnes par jour !) est même prévue,
ainsi que la distribution de 1200 groupes électrogènes.

Le Général Dodane, spécialiste des crues nous explique également qu'une
ville comme Alforville serait touchée à 100% et qu'un plan nommé
"Neptune" réquisitionnant les armées, pourrait mettre à pied
d'oeuvre environ 10000 hommes avec le matériel nécessaire.

Mais nous n’en sommes pas là !

Peut être même nous ne reverrons plus jamais
ces images de la crue de 1910 où l’on peut voir nos députés se rendre en barque
à l’Assemblée nationale pour débattre à la lueur des lampes à pétrole ! (et manger
froid....).

Toutes les indications, les alertes de crues et les consignes se trouvent sur le site "fluvial" de la ville de paris  et pour la France entière c'est "Vigie crues".

Mais comme dans toutes choses :  mieux vaut prévenir que guérir ! Et comme
conclu, Pasca Popelin (auteur d'un livre : "le jour où l'eau reviendra") : "il n'existe pas de catastrophes naturelles, mais des
phénomènes naturels qui deviennent des catastrophes par la présence de l'homme
et de son activité".

En attendant goûtons les charmes de la Seine, de ses ponts et ses berges
chantés par Juliette Gréco dans son dernier album consacré entièrement sur ce
thème. Toujours jeune, elle remonte sur une autre scène : celle du Châtelet dans
une semaine à l’occasion de ses 85 ans. Mon coup de coeur : Regardez et Ecoutez "sous les ponts de Paris", un duo délicieux avec Juliette Greco et Mélody Gardot et vivement conseillé par Bertrand Dicale et sa chronique "ces chansons qui font l'histoire"

Vos commentaires et suggestions seront toujours bienvenus sur franceinfo.fr 

gerard.feldzer@radiofrance.com

 

 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.