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Bangladesh : des bateaux en toile de jute conçus par des Français

Le "Vendée Globe" à peine terminé, une autre aventure commence : celle de passionnés de course au large qui viennent au secours des pêcheurs du Bangladesh dont les bateaux sont régulièrement anéantis par les cyclones. Gérard FELDZER, pour sa chronique "Circulez, il y a le monde à voir", est allé à leur rencontre.
Article rédigé par Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (©)

Ce 8 février restera dans la mémoire des pêcheurs du Golfe du Bengale : un tout nouveau bateau y est mis à l'eau et il s'agit d'une première mondiale . Fabriqué à partir de fibre de jute, ce voilier a été dessiné par un architecte dont les bateaux ont remporté les plus grandes courses au large. Marc Van Peteghem est sur place pour le baptême du Gold of Bengal.

L'idée de Marc Van Peteghem était de s'inspirer des bateaux que les pêcheurs locaux utilisent depuis des centaines d'années. Le gréement pince-de-crabe, très simple et capable de remonter au vent, a été développé par les Indonésiens il y a 4.000 ans. 

  (Panoramic)
Gold of Bengal

 

Le Gold of Bengal fait partie d'un projet global mené depuis 2010 par Watever, une association créée par Marc Van Peteghem et Yves Marre. Watever a pour vocation de porter assistance aux populations démunies qui vivent sur les rives des fleuves et des océans. En associant les compétences techniques d'ingénierie aux ressources et aux savoir-faire locaux, Watever utilise le bateau comme outil de développement. 

Il n'y a pas d'autre pays au monde où l'on trouve autant de bateaux qu'au Bangladesh. Comme le précise Yves Marre qui vit là-bas depuis 1994, la flotte est composée de bateaux en bois blanc, trop fragiles pour résister aux conditions climatiques extrêmes. Les embarcations résistent rarement plus de deux ans et demandent un entretien permanent.

En 2007, le cyclone Sidr a cassé 90% de la flotte
du Bangladesh
. L'année précédente, 2.000 pêcheurs avaient trouvé la mort dans
une tempête. D'où la prise de conscience d'Yves Marre : il fallait repenser la
conception même des embarcations.

En 2009, un jeune ingénieur, Corentin de Chatelperron se joint au projet. Il développe désormais la recherche en biocomposites, le but étant de fabriquer des bateaux durables et insubmersibles en utilisant des ressources naturelles locales comme le jute ou le bambou, le bois étant devenu rare et cher. De quoi relancer une industrie en perdition au Bangladesh.

Le petit chantier TaraTari deviendra grand , forcément, puisque la tâche est immense : remplacer dans les prochaines années les 20.000 bateaux du Bangladesh. Watever travaille désormais avec le gouvernement, mais aussi avec les Nations Unies et la Communauté Économique Européenne qui aident le pays à réparer les dommages causés par les calamités naturelles. 

Le parrain du Gold of Bengal baptisé le 8 février n'est autre qu'un navigateur français de renom : Roland Jourdain . "Bilou" a apporté dans ses bagages
une voile qui a fait avec lui le tour du monde à bord de son ancien bateau Sill. Elle sera désormais hissée au mât de bambou du Gold of Bengal.

La recherche sur les matériaux bio-sourcés est aussi le cheval de bataille de Roland Jourdain. Sa société Kaïros a notamment développé des planches de surf et de stand-up paddles, appelées Glaz, en fibre de lin et de cellulose. 

Ces aventuriers réalisent des rêves aussi utiles que passionnants. Souvenez-vous : tout a commencé avec la folle expédition d'Yves Marre arrivé au Bangladesh à bord de sa péniche parisienne ! Transformée en bateau-hôpital, plus d'un million de personnes y ont été soignées depuis 1994. 

 

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