Un actionnaire, riche, solide et mystérieux
"Le Qatar veut peser sur la politique de ces entreprises , affirme Denis Bauchard, ancien président de l'institut du Monde Arabe. Il n'y a pas de volonté de prendre le contrôle d'entreprises, dites sensibles, mais d'infléchir leurs positions dans un sens qu'ils estimeraient conformes à leurs intérêts ."
En 2008, le fonds souverain du Qatar a tenté le contrôle total d'une société Française, en l'occurrence Cegelec. Une expérience peu concluante qui se solde par un rachat par Vinci... Ce qui fait du microscopique pays du Golfe, le principal actionnaire du groupe de Bâtiments et de Travaux publics, après les salariés.
Cette présence dans le capital n'est pas le fait du hasard. "Tout le monde sait qu'il y a un boom des infrastructures actuellement au Qatar , note François Aïssa Touazi, conseiller du Groupe AXA pour le Monde Arabe. Le pays doit construire des stades pour la Coupe du Monde de football, de nouvelles villes. Et la région du Golfe se transforme complètement, l'Arabie Saoudite doit dépenser 500 milliards de dollars en 5 ans pour ses infrastructures. Donc pour le Qatar, investir dans une entreprise comme Vinci, ça a du sens ."
Et c'est ainsi qu'une structure baptisée Qatari Diar Vinci, a vu le jour sur le sol qatari. Le savoir-faire français allié aux capitaux du Golfe.
Même chose pour Bouygues. Pour obtenir des marchés sur place, il faut créer des co-entreprises où les investisseurs qataris ont la main.
La manne des pays du Golfe est évidement la bienvenue et accueillie avec le sourire.
Mais un peu de méfiance également. Jusqu'ici le Qatar a toujours été un actionnaire discret, solide et fidèle. "Ils sont encore relativement opaques , relativise Bénédicte Hautefort de Havas Worldwide. On ne connaît pas aujourd'hui leurs attentes, leurs exigences ou leur façon de voter dans un conseil d'administration dans les cas délicats. On a besoin de mieux les comprendre ." L'actionnariat qatari s'élève à plus de 10% chez Lagardère.
En revanche, l'Emir n'a pas réussi à entrer dans le capital d'Areva.
Il y a 2 ans après de longues tractations suivies de près par l'Elysée, les négociations avaient finalement échoué. Une exception notable.
Quand le Qatar décide d'investir, il est en général accueilli à bras ouverts.
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