Eric Pierrat traque les planssociaux, les défauts de trésorerie, les licenciements injustifiés. Il écoute,prend des notes, compulse des dossiers, sollicite infatigablement ses contactsplus de dix heures par jour. Ce hussard de la République bataille pourl'emploi en Lorraine, et travaille en binôme avec une autre commissaire depuisla nomination d'Arnaud Montebourg au ministère du Redressement productif. Deuxpersonnes à ce poste, en Lorraine, où 30.000 emplois ont été détruits en quatreans, ce n'est pas de trop. Ses principaux interlocuteurs : les patrons degrandes entreprises qu'il tente de convaincre de ne pas licencier, de ne pasfermer. Il leur rappelle le droit, les volontés politiques. Et lorsque l'issue fatale semble inéluctable, il œuvre pour limiter la casse sociale.Un dialogue pas toujours évident avecles patrons de PME. Trop souvent, les petits patrons tirent la sonnette d'alarme alors quetous les voyants sont au rouge depuis longtemps. Or, "plus tôt, ilsfont appel à nous, plus on a de chances de trouver la bonne solution ",affirme Eric Pierrat."Un grain de sable pourcontribuer à enrayer la machine Mittal" (maire de Florange)L'action publique pour sauverl'emploi est donc surtout l'œuvre de fonctionnaires. Les élus, eux, tentent untravail de lobbying, comme Philippe Tarillon (notre photo), le maire de Florange (PS), où setrouve le site d'ArcelorMittal. L'édile consacre beaucoup de son temps à tenterde sauver les hauts-fourneaux. Arcelor, c'est l'essentiel des ressourcesfiscales de sa commune. "Même si je ne suis qu'un grain de sable, jedois essayer de contribuer à faire s'enrayer la machine Mittal ",explique Philippe Tarillon."Montebourg, je n'y crois pas. Les zorros, les cow-boys, j'ai arrêté d'y croire" (Daniel, 33 ans)Régulièrement, la municipalité deFlorange finance des bus quand les syndicalistes ont besoin de monter à Paris.Un soutien logistique, mais pas de réelle marge de manœuvre sur le fond dudossier. Chez Arcelor, nombre de salariés ne croient d'ailleurs plus à l'actionpublique. "Montebourg, je n'y crois pas. Les zorros, les cow-boys, j'aiarrêté d'y croire. Mittal, c'est une énorme puissance, c'est un rouleaucompresseur. Personne ne peut rien contre lui dans cette économie mondialisée ",se désole Noël, 50 ans. "Si Mittal veut fermer les hauts-fourneaux deFlorange, ce n'est pas Hollande qui l'en empêchera. On n'est plus dupe de cela ",ajoute Daniel, 33 ans.En Lorraine plus qu'ailleurs, leprojet de loi qui obligerait une entreprise à céder à un potentiel repreneur l'usinequ'elle veut fermer, est très attendu. C'était une promesse du candidatHollande.