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Quand le smartphone professionnel grignote la vie privée

En une quinzaine d'années, Internet a révolutionné le quotidien de l'entreprise. Le réseau a tissé sa toile dans tous les secteurs, tous les services, tous les bureaux, jusqu'à en déborder. Depuis l'arrivée des smartphones, de plus en plus de salariés se plaignent de voir leur vie privée grignotée par ces petits engins. Certains commencent à s'organiser pour éviter l'overdose.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Céline préfère en rire. En montrant les 200 courriels non lus de son blackberry ,
la jeune femme, cadre dans le secteur du luxe, admet volontiers qu'elle ne les
lira pas tous : "En 12 ans de carrière, j'ai vu une inflation, et on
arrive à des situations ubuesques. On ne peut pas tout lire, alors on rate des
informations. Et quelque-part, c'est stressant aussi
".

Les services informatiques de son entreprise lui déconseillent de
déconnecter son appareil, sans quoi, elle risque des problèmes de
synchronisation. Elle qui travaille au quotidien avec 40 pays, voit arriver des
messages à 3h ou 4h du matin. "L'expression 'fil à la patte' revient très
souvent. Mais si on n'y prend pas garde, on est envahi par un petit objet qui
clignote pour rappeler que le travail n'est pas loin
".

Stress et TMS

Aujourd'hui, deux salariés sur trois utilisent Internet dans leur travail.
Et un tiers le fait depuis un terminal mobile. Le Centre d'analyse stratégique
(CAS), qui dépend des services du Premier ministre, tire la sonnette d'alarme et
s'inquiète des conséquences de ces nouveaux usages sur les conditions de
travail. Une augmentation du rythme et de l'intensité du travail occasionnant
stress, surcharge de travail, troubles musculo-squelettiques et sentiment
d'urgence, semble émerger, avec des risques psychosociaux. En 20
recommandations, le CAS invite les entreprises à se saisir du problème et à
élaborer des règles internes pour éviter les débordements, par exemple en
limitant les horaires d'envoi pour les mails.

Plusieurs entreprises ont pris les devants, en concevant des chartes.
Certaines associations en proposent aussi, comme l'Observatoire de la
parentalité. 300 entreprises ont adhéré à la sienne. Pour son président, Jérôme
Ballarin, le manager est la clé de la tranquilité : "L'exemple vient
d'en haut. Le manager le plus déviant est celui qui n'est pas clair et qui
écrit un long mail le samedi, ou pose une question san
s dire s'il faut
y répondre tout de suite ou attendre la fin du week-end
". Il défend le
concept de manager "bio", qui respecte les rythmes de ses salariés,
qui n'en sont que plus disponibles, le lundi, pour leur entreprise.

Risque judiciaire

La justice commence aussi à s'intéresser aux nouveaux usages d'Internet, à
travers un concept de droit européen : le droit au repos. Plusieurs entreprises
ont été condamnées, sur la base des courriels tardifs que leurs salariés, épuisés, avaient conservés, Et qui ont été produits devant les tribunaux.

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