Pratique religieuse et monde professionnel peuvent-ils faire bon ménage ?
Amira ne s'en cache pas : elle prie au bureau. Sauf que son supérieur ne le sait pas. Serait-il contre ? Amira n'en sait rien mais dans le doute, avec une de ses collègues, elle s'arrange pour que personne n'en sache rien. Ensemble, elles font leurs ablutions dans les toilettes de l'entreprise. Puis, à tour de rôle, elles font le guet pendant que l'autre prie. "Je comprends que le côté démonstratif de la prière musulmane puisse déranger", confie la jeune femme de 22 ans. "Mais à partir du moment où on ne me voit pas, qu'est-ce que ça peut leur faire ?"
Il y a aussi Abdel, 32 ans, musulman lui aussi, et élevé dans une famille très pieuse. Lui n'imagine pas prier un jour au bureau. En France, "on ne mélange pas les genres", dit-il. Comme il a toujours vu ses parents le faire, il rattrape donc les prières de la journée, le soir. En revanche, le vendredi, à l'heure du déjeuner, il saute son repas et fonce à la mosquée pour la grande prière.
RTT pour le Shabbat
L'emploi du temps de Julien est lui aussi contraint par son calendrier religieux. Juif pratiquant, il fait Shabbat chaque vendredi soir et chaque samedi. En hiver, il est obligé de prendre des RTT le vendredi après-midi, "mais ce n'est pas cela qui manque en France", s'amuse t-il.
Comme Haim Nisembaum, rabbin d'une communauté Loubavitch, qui confie que certains juifs orthodoxes se couvrent la tête d'une perruque ou d'un postiche au bureau pour remplacer la kippa. Les croyants pratiquants sont en fait rarement revendicatifs.
Au contraire, ils se font discrets. Comme pour souligner le fait que pratique active ne rime pas nécessairement avec prosélytisme.
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