Le concert : un baptême du feu artistique et financier
Aujourd'hui il ne suffit pas d'avoir une voix, le chanteur doit aussi avoir une présence... et surtout s'avérer rentable en concert, peut-être davantage que dans les bacs. Puisque les disques se vendent de moins en moins, la filière spectacle est devenue une nouvelle manne pour le secteur. Les producteurs de tournées (ou "tourneurs") pèsent de tout leur poids sur le parcours de leur poulain, parfois avec de gros investissement.
Chez Alias Production, qui s'occupe de stars comme Muse ou Adele, le patron Dominique Revert concède quand même perdre 40.000 euros chaque première année de contrat pour un artiste en développement. Pour Michael Kiwanuka, que Revert a découvert en première partie d'Adele lors d'un concert parisien en mai 2011, ce fut un coup de coeur : "Personne n'avait encore entendu parler de lui. D'ailleurs, comme pendant toutes les premières parties, la moitié du public est partie au bar... " Alias commence à travailler avec le chanteur anglais avant même une signature en maison de disque, lui propose une première scène lors d'une soirée en trois parties à la Flèche d'Or, petite salle parisienne, connue pour abriter les premières passages d'artistes de qualité. Puis tentative aux Transmusicales de Rennes : première exposition cruciale devant un public de professionnels, mais la sauce ne prend pas. "Le groupe venait quasiment de se rencontrer, je crois même que c'était leur premier soir ensemble sur scène ", continue Revert. "J'avais été un peu déçu, on le sentait plein de trac, en dessous des promesses ", raconte Luc Frelon, programmateur à Fip qui se trouvait dans le public des "Trans" ce soir-là.
Ce dernier a (heureusement) revu Kiwanuka sur la scène de l'Alhambra il y a peu, pour la soirée de lancement du label Motown France : "là, ça n'avait plus rien à voir, le groupe et sa musique avaient gagné en épaisseur, en cohérence, on sentait que tous prenaient du plaisir à être sur scène *. "* . Le must? Une programmation en festival d'été. Sauf que le premier disque, sorti lundi dernier, est arrivé un peu tard pour achever de convaincre les programmateurs des grands rendez-vous estivaux. Peu importe, Alias joue la prudence : Michael Kiwanuka, qui vient de remplir hier soir la petite salle de la Maroquinerie, reviendra en novembre pour une nouvelle date parisienne. Le temps d'évaluer la jauge d'une autre salle à la lueur du parcours effectué cet été. D'ici là, Kiwanuka fera quand même son premier festival d'été : le Main Square Festival d'Arras, le 1er juillet prochain.
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