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Le Brésil, un pays sûr pour les touristes ?

La sécurité, un enjeu important pour le Brésil, connu pour être un pays violent, et qui s'apprête à recevoir la Coupe du monde et les JO. Qu'en est-il, alors que ces derniers temps, plusieurs faits de violence ont été rapportés, le dernier en date dimanche soir, lors d'un match de football soldé par trois blessés graves. Ou encore les récentes scènes de panique sur les plages de Rio, qui ont affolé plus d'un touriste.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Depuis quelques semaines, la carte postale de
Rio est quelque peu entachée. Un phénomène qui n'avait plus lieu depuis sept ans a
refait surface : ce que l'on nomme au Brésil les "arrastões". Un terme qui à
l'origine désigne la pêche des chalutiers, qui avec leurs immenses filets
attrapent tout sur leur passage. Mais ce mot est aussi employé pour décrire une
autre réalité : des vols collectifs commis par des bandes d'adolescents, parfois
même des enfants, qui déferlent sur les plages de Rio, sèment la panique parmi
les baigneurs et en profitent pour voler tout ce qu'ils peuvent. Comme les
chalutiers, ils "ratissent" eux aussi tout sur leur passage.

Alessandra, habitante de Rio, en a été témoin, les trois
dernières fois qu'elle est allée sur la plage d'Ipanema : "Ce sont des gamins, j'en ai vu qui devaient avoir
8 ans, cela va jusqu'à 15-16 ans. Au début ils commencent à jouer, puis ils font
semblant de se chamailler, et d'un coup ils se mettent à courir, et à semer la
panique. Vous voyez alors, soudain, une vague de gens affolés qui partent en
courant, et là ils arrivent à récupérer des sacs, ils sautent au cou des femmes,
leur arrachent leur collier, leurs boucles d'oreilles, leurs lunettes, ils volent
tout !
"

Un minibus de sécurité près de la plage

Depuis, la police, militaire et civile, a renforcé ses
effectifs. Un commissariat mobile a aussi été installé, à bord d'un minibus,
posté à quelques mètres de la plage. Objectif : enregistrer les plaintes des
victimes qui souvent n'ont pas le temps, ni le courage de se déplacer jusqu'aux
commissariats de la ville. Or, ces données sont précieuses pour combattre le
phénomène, et éventuellement tenter de récupérer les objets volés.

Près du minibus, un fourgon est aussi stationné. Là,
des policiers scientifiques se chargent des suspects qui leur sont amenés pour
prendre leurs empreintes digitales, sur le champ, et s'ils sont fichés, les
identifier.

La police refuse de parler d'une nouvelle tendance à la
hausse de l'insécurité, et y voit un phénomène ponctuel, en passe d'être résolu.
Mais c'est une image plus que nuisible pour le Brésil. D'autant qu'avec les deux
grands évènements sportifs qu'il s'apprête à accueillir, les projecteurs sont
braqués sur le pays, et la moindre information négative largement répercutée
dans le monde entier. Quitte à donner de Rio l'image d'une ville d'une grande
dangerosité pour les voyageurs étrangers. Le risque, selon Peter Tarlow,
spécialiste américain de la sécurité touristique et des grands évenements, et
consultant pour la police brésilienne, c'est de faire fuir les touristes
étrangers, et les investisseurs : "C'est un risque économique ",**** dit-il.

Une violence localisée

Toutefois, même si les chiffres de la violence au
Brésil sont alarmants - 50.000 homicides par an, un record mondial, 5.000 dans
l'Etat de Rio -, c'est une violence très localisée assure Ignacio Cano, le grand
spécialiste de la violence à Rio : "Il y a une grande mystification. Or les touristes n'ont jamais été la cible préferentielle de la violence. Elle s'exerce avant
tout contre les jeunes des favelas. 
Et, pendant la Coupe du monde, les JO, il y aura un
très gros dispositif policier dans les zones touristiques, donc, il pourra y
avoir des vols, c'est sûr et certain, comme dans n'importe quelle grande ville
du monde mais il n'y aura pas particulièrement un danger sérieux d'insécurité
pour les visiteurs, pendant ces grands évenements
".

Le Brésil a par ailleurs lancé depuis 2008 une grande
politique dite de "pacification" des favelas pour faire baisser la violence
dans et autour de ces territoires, situés pour certains au cœur de la ville. Les
résultats sont mitigés. Plusieurs de la quarantaine de favelas "pacifiées"
font de la résistance ; là, les échanges de tirs sont encore fréquents. Mais,
dans l'ensemble, les chiffres indiquent tout de même une baisse significative de
la violence dans ces territoires.

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