La réunion a toujours lieu dans le sous-sol ducommissariat de Juvisy-sur-Orge, le centre opérationnel de la zone de sécuritéprioritaire (ZSP) de Grigny. Autour de la jeune Hanem Hanouda, la commissaireadjointe, six policiers de la brigade anti-criminalité départementale et locale,du groupe de voie publique, un service enquêteur. Comme souvent, l'objet uniquede la réunion tourne autour des dossiers "stups". Surveillance des dealers,des clients et des points de vente.Qualité et quantité desproduits vendus. Informations des autres services de police ou des indics. Lespoliciers passent en revue l'avancée des dossiers, croisent leurs informationssur l'actualité des principaux délinquants, envisagent des opérations et montentdes dossiers capables de tenir la route devant un juge. "Aussitôt qu'on entredans le quartier, on est levé (ndlr : reconnu), soupire un policier de la BAC D. Ils sont complètement paranos. Il y a peut-être trop de pression en ce moment denotre part... ça les braque ".C'est le paradoxe decette ZSP à la Grande Borne. La "pression" policière, demandée par lapopulation, les patrouilles à proximité des points de vente, les opérationscontre les squats, ont pour conséquence de perturber le trafic de drogue. Lesdealers changent leur mode de vente, protègent les flux de leurs clients. Ilssont plus prudents. Cela complique la tâche desenquêteurs.Depuis la création dela ZSP, en décembre dernier, les nouveaux effectifs policiers (12 fonctionnairesde BAC) affectés désormais à Grigny, ont saisi moins de 15 kilos de résine decannabis à la Grande Borne. Des résultats qui semblent dérisoires face au volumeestimé du trafic sur cette seule cité de l'Essonne.