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La Croix-Rouge, parfois une affaire de famille

Le comité international de la Croix-Rouge célèbre ses 150 ans. Ce mouvement créé à Genève par Henri Dunant à la suite de la bataille de Solférino a multiplié et diversifié ses activités au fil du temps, bien au-delà de la seule aide aux victimes de conflits. Des sociétés "Croix-Rouge" ont vu le jour dans des dizaines de pays. L'une des premières : la Croix-Rouge française avec la famille Bonnet. Une famille dans laquelle on devient secouriste bénévole de génération en génération avec l'esprit "Croix-Rouge" chevillé au corps.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Dans la famille Bonnet, je demande le fils! Il s'appelle Cyril,  27 ans. Il est chef d'équipe "Croix-Rouge". Nous le retrouvons un dimanche
matin. Il s'est levé à six heures pour chapoter le dispositif  " secours " d'une
course à pied amateur dans Paris. Sous ses ordres : 63 secouristes. Certains
sont postés avec vélos, rollers, quads ou ambulance le long du parcours.
D'autres s'affairent sous la tente où sont prodigués les soins. Quelques uns
assurent aussi la coordination des opérations dans le poste de commandement
mobile. "Sur ce genre de missions, on doit gérer beaucoup de chutes, de
malaises, quelquefois des infarctus. C'est assez intense
", raconte
Cyril.

Les personnes soignées ainsi lors d'évènements sportifs, de
soirées étudiantes, ou de concerts l'ignorent très souvent mais les secouristes
de la Croix-Rouge qui interviennent comme Cyril sont 100 % bénévoles, non
rémunérés. Parmi les équipiers que Cyril dirige : son épouse. Si dans la vie lui
est pompier, elle travaille dans les ressources humaines, une activité qui n'a
rien à voir avec le secourisme. Ils se sont connus évidemment sur une mission
Croix Rouge.


" Tout petit déjà, je participais à la quête de la Croix-Rouge "

" On était tous les deux co-équipiers, puis on est devenus amis,
et ensuite plus que cela. Elle s'appelle Agnès Je vous emmène la rencontrer "

propose Cyril.* Et l'on retrouve ainsi la jeune femme en
pleine intervention près de la ligne d'arrivée
, e n train de porter
assistante à une quadragénaire en détresse respiratoire. Elle lui administre de
l'oxygène en bouteille, lui prend la tension, mais une importante partie de sa
mission consiste aussi à calmer cette personne, à la rassurer de ses mots.
" L'humanité c'est indispensable. C'est la valeur phare du Mouvement Croix-Rouge
depuis les origines "* , explique Agnès Bonnet. Chez les Bonnet, c'est une valeur
qu'on apprend dès le plus jeune âge, cela fait partie intégrante de la vie de la
famille.

" Je ne sais pas ce qu'est la vie sans la Croix-Rouge. Quand
j'étais petit, mes parents m'emmenaient avec eux pour les collectes de fonds.
Haut comme trois pommes, je participais déjà à la quête annuelle et à la vente
du muguet. Quand mes parents animaient des cours de secourisme, je servais de
mannequin pour les stagiaires
", se souvient Cyril avec bonheur.

Agnès a très vite compris que pour que son couple fonctionne, il
fallait jouer ce jeu de l'investissement au sein de la Croix-Rouge.
"* M'engager avec Cyril, c'était m'engager dans l'organisation ",

  • explique-t-elle en nous montrant quelques photos de leur mariage. C'était
    l'hiver dernier. " Les couleurs du mariage c'était évidemment le blanc et le
    rouge. Beaucoup d'amis sont venus avec l'uniforme. A la sortie de la cérémonie,
    il y avait des véhicules de la Croix-Rouge. Tout un symbole. C'était important
    pour nous
    " , ajoute la jeune femme.


Soigner tout le monde sans aucune distinction

Dans la famille, celui par lequel l'aventure a débuté, c'est le
papa. Gérard Bonnet a 60 ans et à son actif 40 ans de secourisme à la Croix-Rouge. " Au début de mon engagement, ça n'était pas du tout le même secourisme
qu'aujourd'hui. Nous n'avions pas toutes les formations, et encore moins le
matériel dont on dispose aujourd'hui. je me souviens qu'aux beaux jours, on
prenait une camionnette, un brancard, une mallette de secours et on partait au
bord des routes nationales. Je vous parle d'une époque où il n'y avait pas
d'autoroutes, pas de SAMU. Comme il n'y avait pas de téléphones mobiles non
plus, ce sont les automobilistes qui s'arrêtaient pour nous signaler un accident
à quelques kilomètres et on intervenait !
" raconte Gérard.

Ce qu'il aime, c'est l'indépendance, la neutralité de la Croix-Rouge. Il a assuré la couverture des manifestations en faveur du mariage pour
tous et aussi celles des " anti ". Il était sur l'accident de train de
Brétigny-sur-Orge comme sur les émeutes lors de la victoire du PSG. Aucune
différence de traitement entre les personnes à soigner, quelle que soient leurs
origines, leurs idées et leurs religions.

Parfois, Gérard fait équipe avec sa propre fille, la petite
dernière de la famille, Fanny, 24 ans. Elle aussi dévouée 100 % aux missions de
secourisme. " Il y a deux ans, j'ai fait pas moins de 600 heures de
secourisme sur une année. C'est une activité qu'on ne peut pas faire à moitié,
ou par intermittence, parce qu'il ne faut pas perdre les réflexes, et pratiquer
les gestes qui sauvent
" , explique-t-elle.

La maman, Monique Bonnet, elle aussi est à la Croix-Rouge évidemment. Longtemps secouriste, elle a choisi finalement la branche " action
sociale " de l'organisation. Elle dirige un centre d'hébergement pour sans
domicile fixe. Elle est la seule de la famille à être salariée et non
bénévole.

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