L'argent fou de la campagne américaine
Le
spot télé met en scène une mère de famille qui observe ses jeunes enfants jouer
au basket. Les effets spéciaux montrent le temps qui passe et les enfants qui
grandissent. En une minute, le clip illustre les espoirs déçus de cette famille
qui a voté Obama en 2008. "J'ai soutenu le président Obama parce qu'il
parlait bien, il promettait le changement. Les choses ont changé. En pire.
Obama a commencé à dépenser comme si nos cartes de crédit n'avaient pas de
limites. Il a alourdi la dette de chaque américain d'au moins 16.000 dollars.
Comment mes enfants vont-ils payer alors qu'ils n'arrivent même pas à trouver de
travail ?"
200 millions d'euros pour contrer Obama
Financé
par American Crossroads, un puissant comité d'action politique fondé par Karl
Rove, l'ancien conseiller de George Bush, ce spot est diffusé dans une dizaine
d'États, où les deux candidats sont au coude à coude. Pour la campagne, American
Crossroads a prévu de dépenser plus de 200 millions d'euros pour contrer Barack
Obama explique le porte-parole, Jonathan Collegio. " Quand Barack Obama
est devenu président, en 2008, il a fait beaucoup de promesses sur la façon
dont il redresserait l'économie. Et quatre ans plus tard, les choses n'ont pas
vraiment changé et on a toujours un très très fort taux de chômage. Ce que nous
essayons de faire, c'est de demander des comptes au président sur ses promesses
non tenues. Quand les gens voient ce qu'il a promis, et qu'ils se rendent
compte de la réalité, ils sont beaucoup moins enclins à le soutenir. Nous
voulons être certains que les gens sauront cela, avant d'aller voter " .
"Une influence disproportionnée"
Derrière
le raz de marée publicitaire, se cachent de généreux mécènes. Le milliardaire
Sheldon Adelson, à la tête de l'empire des casinos de Las Vegas, a ainsi déjà
dépensé plus de 20 millions de dollars pour la campagne de Mitt Romney. Ce
financement, illimité, inquiète Fred Wertheimer, le président de Democracy 21,
un groupe de surveillance de la campagne américaine. "Nous avons une
poignée d'individus très riches qui exercent une influence disproportionnée sur
notre élection. Cela peut potentiellement créer un risque de corruption. Car
les intérêts de ces généreux donateurs dépendent des décisions du gouvernement.
L'argent illimité, l'argent secret, sont les éléments qui ont conduit au
scandale du Watergate."
Effet limité mais décisif
Pour
toucher un maximum d'électeurs, les
messages sont ciblés. On parle assurance-maladie en Floride, emploi dans le
Michigan et agriculture dans l'Ohio. Difficile d'évaluer l'impact de ces spots
sur les 5 à 9% d'électeurs encore indécis. Mais Ken Goldstein, président de
Kantar Media Cmag à Washington, spécialiste du marketing politique, est
convaincu que l'investissement peut être rentable. "Même si ces
publicités ont un effet très limité, elles peuvent être décisives. En l'an
2000, 540 électeurs de Floride ont déterminé l'issue de l'élection
présidentielle. Demandez à Al Gore ce qu'il en pense. En 2004, George Bush a été
réélu, mais si 70.000 votes étaient allés dans l'autre camp, c'est Kerry qui
serait devenu président. Le retour sur investissement attendu est à la marge.
Il s'agit d'avoir 50,1% des voix."
Mercredi, Barack Obama, préoccupé du financement sans limite de la
campagne américaine, a réclamé un amendement pour y mettre un terme. Au
baromètre de l'argent, le président démocrate est en retard sur Mitt Romney. Sa
campagne a recueilli 120 millions de dollars, contre 180 millions pour celle de
son adversaire.
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