Cédric Mametz travaille dans une petiteusine à la sortie de Lens, dans le pas de Calais. Depuis 13 ans, il travaille à temps plein dansun ESAT, un Etablissement de Services et d'aidepar le Travail. A 35 ans, Cédric est autonome : il vit en couple, dans un appartement.Ce jeune homme dynamique aux épaisses lunettes est aussi le présidentd'une association. Elle s'appelle " Nous aussi " et compte environ300 membres. Des hommes et des femmes handicapés mentaux, et qui militent pour plusde visibilité.Les gens pensent qu'on est des sous-hommes ou des sous-femmes mais ce n'est pas le cas(...) Il faut faire voir qu'on est là car si on ne lève pas la main, on est vite oubliés.Difficile d'avoirune déficience intellectuelle dans un monde où la performance est une valeurcardinale. Christelle Prado, la présidente de l'UNAPEI, une association de parents, rappelle que les enfants handicapés mentaux ontlongtemps été considérés comme l'expression d'une tare familiale voire d'unpêché. Aujourd'hui, on n'a plushonte d'avoir un enfant différent. Mais les enfants sont encore nombreux àrester à l'intérieur des familles : "C'est compliqué d'aller au restaurant, c'est compliqué d'aller au cinéma, il n'y a vraiment aucun seuil de tolérance. Il y a tout un tas d'exemples qui fait que quand on est parent ou atteint d'une difficulté comme celle-là, on n'a pas trop envie de se montrer."Pour Cédric, le pire, ce ne sont pas les moqueries, même s'il y a eu droit. Non, le pire c'est qu'onfasse comme s'il était transparent quand parle de lui. Comme s'il n'avait pasvoix au chapitre : "Quand j'étais petit j'étais très en colère. Je ne pouvais pas donner mon avis. Je ne trouvais pas ça normal que d'autres personnes décident à ma place."