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Guy Delbès, l'intermédiaire énervé mais souriant

Même sous les critiques de certains parlementaires, les qataris ne communiquent pas. Ils continuent leurs affaires comme si de rien n'était. Guy Delbès est au centre de ces affaires. Avec sa société Elypont, détenue à 100% par l'Emirat, il gère les dossiers d'acquisitions immobilières pour le Qatar. Un homme très sollicité.
Article rédigé par franceinfo
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Son énergie masque parfaitement ses 84 ans. Guy Delbès roule les "r" et s'agace de la méfiance qu'il lit, qu'il entend, qu'il ressent.
Une méfiance envers le Qatar et ses investissements massifs.

Lui, il représente Qatar Investment Authority (QIA), le fonds plus spécifiquement chargé des opérations immobilières. Et les médias qui mélangent les acquéreurs privés et l'Emirat, ça l'énerve.
Et les politiques qui réclament des enquêtes parlementaires, ça l'énerve aussi : "Dans les autres pays dans lesquels ils investissent comme la Grande Bretagne où ils ont 3 ou 4 fois plus de biens, ils sont toujours les bienvenues. " Une phrase qui sonnerait presque comme un avertissement dans la bouche de ce vigoureux homme d'affaires de 84 ans.

Ancien diplomate, il a passé 40 ans dans l'industrie pétrolière du Moyen Orient. Français, natif de Syrie, il porte sa légion d'honneur au revers de la veste.
Et désormais, sa société ne travaille plus que pour le Qatar. Un pays qui n'a aucune visée idéologique selon lui. Son seul objectif : réaliser de bons placements financiers pour assurer son avenir, sachant que la manne gazière ne sera pas éternelle.

On parle beaucoup des qataris en France, surtout depuis qu'ils ont acheté le PSG : "Que serait devenu le Paris Saint Germain si le Qatar n'avait pas investi ? il aurait été incapable de rembourser ses dettes. Un banquier m'a raconté que le PSG était quasiment en faillite, il était farci de dettes. Il devait descendre en 2e division et peut-être plus. Les banques avaient pris le parti que la dette du club ne serait jamais remboursée. Grâce au Qatar, c'est devenu l'un des meilleurs clubs de France et je ne vois pas où est le problème ."

Les amitiés politiques, les soupçons de compromission, Guy Delbès ne veut pas en entendre parler, lui il fait du business. Sa mission, trouver des investissements immobiliers intéressants dont le rendement seraient ensuite d'au moins 5%.
Il a une limite : aucun dossier à moins de 100 millions d'euros, moins cher ce serait une perte de temps. Pas de plafond en revanche.
Les achats qataris se multiplient depuis 2008, depuis qu'une convention fiscale très avantageuse a été votée par l'Assemblée.
Il y est stipulé entre autres que le Qatar ne paiera pas d'impôt sur les plus values immobilières. "Le Qatar s'était aperçu que sa convention fiscale était en deçà de celle de l'Arabie Saoudite, du Koweit ou encore des Etats-Unis , précise Guy Delbès. En fait, il n'y a eu qu'un réajustement pour se mettre au même niveau que les autres ."

Dans son bureau, l'homme d'affaires sourit même quand il s'emporte. Il faut dire que l'on se presse à sa porte pour lui proposer des dossiers. Peu importe, les réticences de quelques-uns.
Avant de quitter les lieux, Guy Delbès emmène ses invités dans une pièce de l'hôtel particulier où il travaille. Un pièce classée où la France a signé un accord avec l'Amérique en 1778, il a même une copie du document avec la signature de l'émissaire étranger : Benjamin Franklin. Le bureau somptueux donne directement sur la Place de la Concorde.
Guy Delbès n'est pas mécontent de son effet mais s'empresse de préciser qu'ici le Qatar n'est pas propriétaire, un simple locataire.

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