Guadeloupe : 31 homicides depuis le début de l'année
A quelques kilomètres de Pointe-à-Pitre, le dernier homicide en Guadeloupe a eu lieu sur le bord d'une route à Perrin, aux Abymes, en dehors de la zone de sécurité prioritaire. Daniel Vilmen, surnommé ici "Bélé", est mort le 7 octobre dernier d'une balle de fusil de chasse en pleine tête. C'est un ami d'enfance qui l'a tué après une querelle à propos d'une cabane de pêcheurs juchée sur le canal voisin. L'auteur du coup de feu avait 2 grammes d'alcool dans le sang au moment des faits. Il dit ne pas avoir voulu tuer son ami.
Ces derniers mois, ce type d'homicides et de tentatives d'homicides (une trentaine à ce jour) sur fond d'alcool, parfois de stupéfiants, sont assez fréquents dans le département. Ils expliquent en partie la hausse des faits constatés mais pas seulement. "Cette dernière affaire est hélas assez typique du genre d'homicides dont nous sommes saisis depuis le début de l'année , explique Guy Etienne, le procureur de la République. L'alcool joue son rôle mais il y aussi un passage à l'acte, une forme de recours à la violence, qui est plus rapide ici ".
Un passage à l'acte particulièrement rapide
Sur les 31 homicides en Guadeloupe, et les sept à Saint-Martin, une douzaine relève de la violence gratuite au sein des familles, des couples, des amis. Le reste serait le fait de règlements de comptes entre petits et gros dealers de marijuana et de crack. Les armes en circulation sur l'île expliqueraient aussi la montée de la violence.
Au printemps, à l'appel de la préfecture, des Guadeloupéens ont déposé une centaine d'armes et de munitions. Une autre campagne "Déposez les armes" débute le 20 octobre. A Pointe-à-Pitre, l'engrenage, ce sont ces jeunes qui disent être armés pour se protéger d'une possible agression. En Guadeloupe, tous les acteurs de la sécurité publique évoquent très vite la rapidité du passage à l'acte. Aucune étude sérieuse, comparative, n'existe sur le sujet. Justice et police se contentent de dresser le constat, reconnaissant implicitement qu'il existe une propension à la violence sur l'île.
"On nous accuse toujours de demander des moyens pour ces jeunes mais c'est l'unique solution" (Une association)
Avec plus du quart de la population sans activité, plus d'un jeune sur deux au chômage et 1.200 adolescents qui sortent tous les ans du système scolaire, la violence semble avant tout économique et sociale. Les associations qui tentent d'insérer et de suivre les jeunes en échec souligne le manque d'attention politique et de moyens pour contrer la spirale de la violence.
"On nous parle d'insécurité , dit Chrystelle Rigo qui co-dirige l'association Washington Crazy dans le quartier difficile de Chanzy à Pointe à Pitre, mais les groupes de suivi judiciaire et d'insertion comme nous sont débordés. On nous accuse toujours de demander des moyens pour ces jeunes mais c'est l'unique solution ".
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