Cinéma week-end. "Nos batailles", acteurs en roue libre
"Nos batailles" de Guillaume Senez, "La Saveur des ramen" d'Eric Khoo et "Chris the Swiss", un documentaire d'animation suisse : c'est la sélection de Thierry Fiorile pour votre weekend.
Dans Nos batailles, le cinéaste Guillaume Senez traite avec gravité et humour d'un sujet actuel : quand un parent, déjà accablé par son travail, se retrouve seul avec ses enfants, sauf que là c'est le père.
La première qualité de Nos batailles, c'est de ne rien expliquer
Nos batailles n'explique rien sur les raisons qui ont poussé cette mère à quitter sa famille, on est tout de suite dans le dur, le concret. Romain Duris est ce père esseulé, contremaître dans un entrepôt de vente à domicile, syndicaliste, il est en surchauffe permanente mais il n'a pas le choix, il doit se battre. L’environnement social est violent, à la maison c'est la panique.
On est comme un muscle qu'on travaille, une façon d'être actif et vivant
Romain Duris
L'autre qualité de Nos batailles c'est le ton que Guillaume Senez lui donne. Spontané, direct, crédible et pour cause, il n'y avait pas de dialogues écrits, juste une trame et des improvisations au tournage. Un exercice familier pour Laetitia Dosch et Laure Calamy, habituées à ce travail au théâtre, mais que réussit aussi Romain Duris.
Le cinéaste singapourien Eric Khoo signe un film tendre
Et un film qui fait saliver : La Saveur des ramen. Ou comment la cuisine populaire raconte des histoires familiales et aussi l'histoire avec un grand H. Masato est un jeune cuisinier né d'un couple mixte, sa mère de Singapour est morte quand il était enfant et son père japonais ne s'est jamais remis de ce deuil.
Ma mère cuisinait sans recette, elle faisait ça par cœur. Tout ça a disparu, quand je le fais, ça n'a pas la même saveur
Eric Khoo
Quand ce dernier meurt, Masato fait un voyage initiatique à Singapour pour percer un secret familial lié au traumatisme de l'occupation japonaise durant la deuxième guerre mondiale. Le Ramen japonais et le Bak Kut Teh singapourien, deux plats familiaux vont-ils se rejoindre comme les protagonistes du film ? Les conflits se règlent en cuisine, c'est doux et nostalgique, comme les souvenirs d'Eric Khoo, on a tous une mémoire olfactive de la cuisine de nos mères et grands-mères.
Chris The Swiss de la suissesse Anja Kofmel
C'est un documentaire et un film d'animation. Anja Kofmel n'avait que 10 ans quand son cousin Christian Würtemberg a été retrouvé mort en 1991 près de Vukovar alors que l'ex-Yougoslavie était en pleine guerre civile. Officiellement, il était journaliste, en fait, il a fait partie de ces jeunes correspondants de guerre qui n'ont pas respecté les frontières de la profession.
Je me demande pourquoi il y a encore des jeunes hommes qui vont faire une guerre qui n'est pas la leur
Anja Kofmel
Embrigadé dans une milice croate d'extrême droite, fasciné par le conflit et les armes, il se perd et Anja Kofmel mène l'enquête. Elle retrouve les mercenaires qui l'ont connu, les journalistes qui l'ont vu s'égarer et elle mêle à ce récit ses dessins en noir et blanc, où des volées d'insectes appuient la vision cauchemardesque de ce travail, c'est puissant et le mystère n'est pas vraiment levé sur ce jeune homme.
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