Cet article date de plus de six ans.

Cinéma week-end. "Mariana", portrait d'une femme et d'un pays, lâches

Marcela Saïd se bat contre l'oubli au Chili et révèle une actrice.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4 min
Antonia Zegers dans Mariana (Nour Films)

Mariana de Marcela Saïd est un portrait de femme qui incarne un pays, incapable de regarder son passé en face. Dans le Chili d'aujourd'hui, la bourgeoisie se prélasse dans son confort matériel, en se gardant bien de rendre des comptes. Mariana est fille d'un homme aisé qui a largement profité de son soutien à la dictature de Pinochet, mais quand son père et son moniteur d'équitation, ancien militaire, sont menacés par des enquêtes, elle découvre la part d'ombre de l'histoire familiale.

La bourgeoisie chilienne est inculte, matérialiste, individualiste

Marcela Saïd

C'est Antonia Zegers, révélation de ce film qui est Mariana, faussement rebelle, elle tente de s'affirmer comme femme libre, mais compose avec lâcheté au milieu de ces machos. Marcela Saïd fait un constat glaçant, d'autant plus pertinent que son actrice principale suscite autant la compassion que le rejet.  

Les Bienheureux de Sofia Djama

Les Bienheureux de Sofia Djama confirme, quelques semaines après la sorties d'En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui, le renouveau du cinéma algérien. 
À la fin des années 2000 à Alger, des parents progressistes et de condition sociale plutôt élevée, leur fils étudiant sans ambition, un ami mystique et une adolescente qui a subi des atrocités, tentent d'envisager un avenir après les années de guerre civile. La peur des islamistes est encore paralysante, l'absence d'alternative politique déprimante et la corruption omniprésente. De ce triste constat, Sofia Djama fait un film haletant, où l'intime et le politique se télescopent dans des scènes de vie tournées quasiment en temps réel, la situation n'est pas réjouissante, mais il y a dans Les Bienheureux une noble envie de vivre.  

Lucky est et restera le dernier film d'Harry Dean Stanton

Harry Dean Stanton, figure à part d'Hollywood, ou plutôt de la contreculture hollywoodienne. Révélé au grand public par Paris Texas de Wim Wenders en 1984, abonné aux seconds rôles, il a trimballé sa dégaine de cow-boy maigrelet, au sourire triste, en choisissant ses films, de Bertrand Tavernier à Twin Peaks et dans Lucky qu'il n'a pas vu, il est mort en septembre, John Carrol Lynch lui fait un ultime cadeau, un premier rôle qui lui ressemble terriblement.

Le film est sur la vie, pas sur la mort et Harry Dean Stanton était le seul à pouvoir le faire

John Carrol Lynch

Lucky a 90 ans, vit seul dans une petite ville proche d'un désert, entre ses deux paquets de cigarettes par jour, son yoga matinal, ses virées au "Diner", la vie s'écoule. C'est une leçon de vie, d'humanité, sur la vieillesse, l'amitié, les scènes de pub avec David Lynch en incroyable second rôle, sont irrésistibles.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.