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Cinéma week-end. "Le Client", perle iranienne d'Asghar Farhadi

Une semaine très contrastée dans les salles, Asghar Farhadi revient en beauté, Benjamin Dickinson ose le monde parfait du numérique alors que Radu Mihaileanu et Wim Wenders échouent lourdement.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Shahab Hosseini et Taraneh Alidoosti (Memento Films)

Arrivé au dernier moment dans la compétition du dernier festival de Cannes 

Le cinéaste iranien en est reparti avec deux prix : celui du meilleur interprète masculin pour Shahab Hosseini et celui du scénario. Le Client d'Asghar Farhadi confirme s'il en était besoin, l'immense talent du réalisateur, cinq ans après Une séparation.  

Dans un pays où la censure peut violemment s'abattre sur un cinéma très créatif, Asghar Farhadi a fait de cette menace une arme : l'ambiguïté, le dilemme sont au cœur de son œuvre, et il parvient à dire énormément de choses sur l'Iran actuel. Les gardiens de la morale, à l'évidence, ne savent pas lire entre les lignes. Dans Le Client, un jeune couple cultivé - ils font du théâtre - déménage après un tremblement de terre qui rend leur logement inhabitable, et déjà, ce séisme annonce d'autres secousses.

C'est un homme qui est persuadé de faire le bien

Asghar Farhadi

Dans leur nouvel appartement, la femme est agressée en sortant de la douche, on ne sait pas si elle a été violée, on apprend que l'ancienne locataire était une prostituée et le coupable un client, un vieil homme assez pitoyable. Ivre de rage, le mari bascule dans une vengeance qui le dépasse. Asghar Farhadi réussit un thriller sociétal dénué de manichéisme.

Quand Google a sorti ses lunettes connectées

Ce jour-là, la première réaction de Benjamin Dickinson a été d'en rire. Puis il a imaginé et écrit un scénario dans lequel il joue lui-même un jeune geek, travaillant à New York dans une agence de pub chargée de lancer des lunettes révolutionnaires.

Satisfaire les désirs ne rend pas heureux

Benjamin Dickinson


Creative Control, une vie en partie virtuelle...


Creative Control c'est, pas toujours en finesse mais avec beaucoup de talent, une projection dans un futur proche où les géants du numérique nous vendront une vie en partie virtuelle. Le personnage principal accumule les addictions : alcool, drogue, sexe, s'ennuie avec sa fiancée, qui va virer new age et quand il met ces lunettes, fantasme sur la compagne de son meilleur ami. En noir et blanc, avec humour et musique classique, Benjamin Dickinson interroge l'avenir.

...et deux flops

Enfin cette semaine, parmi 18 nouveaux films, deux échecs retentissants, deux adaptations complétement ratées. La première, ce n'est pas une vraie surprise, est de Radu Mihaileanu qui a cru bon de porter à l'écran le roman de Nicole Krauss, L'Histoire de l'Amour, récit épique d'une passion débutée dans une communauté juive d'Europe centrale avant-guerre, et qui ne trouvera pas son accomplissement à New York après la Libération. Le film est terriblement confus, prétentieux et boursouflé.


Avec Les Beaux Jours d'Aranjuez, c'est la tristesse qui domine, car on se demande quand Wim Wenders, qu'on a tant aimé, nous reviendra-t-il. Adapter au cinéma la pièce, déjà casse-gueule au théâtre, de Peter Handke relevait de la gageure. Le résultat est désespérant : un interminable dialogue entre Reda Kateb et Sophie Semin sur les expériences amoureuses du personnage féminin de ce duo, dans un jardin d'été où la 3D est aussi convaincante que le chien égaré dans les scènes. L'apparition finale de Nick Cave au piano est une libération, mais qui ne fait pas oublier cette douloureuse expérience.

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