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Cinéma week-end. Jafar Panahi, maître dans la contrainte

"Trois visages" a reçu au dernier festival de Cannes le prix du scénario. Le réalisateur signe l'un de ses plus beaux films, malgré ses déboires avec le régime.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Behnaz Jafari et Jafar Panahi dans "Trois visages" (Memento Films)

Trois visages de Jafar Panahi a partagé au dernier festival de Cannes le prix du scénario avec Lazarro felice d'Alice Rohrwacher. L'iranien n'était pas en France pour recevoir sa récompense, sa liberté est toujours très surveillée par le régime des mollahs, mais il a, malgré la contrainte, pu faire un très beau film.

La complexité orientale des relations que Jafar Panahi entretient avec son pays depuis 8 ans

Condamné pour avoir exprimé ses idées, officiellement il n'a pas le droit de travailler, un temps assigné à résidence il est un peu plus libre aujourd'hui, mais ne peut toujours pas voyager. Le régime laisse faire, tout en faisant bien comprendre qu'il peut durcir sa position à tout instant. C'est ce qui rend encore plus courageux ce film, hommage à trois générations d'actrices iraniennes. Jafar Panahi joue son propre rôle, il part en voiture avec Benhaz Jafari, actrice très populaire en Iran, loin de Téhéran, dans un village reculé d'où une jeune fille a lancé un appel désespéré sur les réseaux sociaux, car ses parents refusent qu'elle entre au conservatoire.

Je n'ai pas peur des conséquences, je fais mon métier, un grand cinéaste m'a demandé de participer à son film et j'ai dit oui

Behnaz Jafari

Dans des scènes pleines de métaphores, d'humour, d'allusions politiques, Jafar Panahi, une fois de plus, montre la richesse de la société iranienne et ce sont les femmes qui apparaissent comme l'avenir du pays, à l'image de Benhaz Jafari, star de série télé et au théâtre, qui n'a pas eu peur de tourner avec ce grand cinéaste.

Avec Volontaire d'Hélène Fillière il est aussi question de femme et d'actrice

Avec le premier grand rôle de la jeune Diane Rouxel. 23 ans, un parcours atypique et déjà une aura, une présence, très prometteuses. Dans Volontaire elle est une jeune surdiplômée qui, contre l'avis de sa mère, actrice de théâtre, s'engage dans l'armée.

Diane Rouxel me fait penser à des actrices comme Isabelle Huppert ou Jodie Foster, un horizon s'ouvre à elle, j'en suis persuadée

Hélène Fillière

Elle sera secrétaire du commandant de l'école de la Marine nationale de Lorient, le beau et ténébreux Lambert Wilson, entre les deux que tout oppose, l'attirance est palpable, mais rigueur militaire oblige, tout est dans les non-dits et les regards. Volontaire est un film juste sur la volonté féminine de pouvoir faire ce que font les hommes, ici intégrer un commando marine, qui manque cependant d'élan et de rythme, mais que portent les deux interprètes. Hélène Fillière est, comme Lambert Wilson sous le charme de Diane Rouxel.

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