Cinéma week-end. Aki Kaurismäki est de l’autre côté de l’espoir avec les réfugiés
Aki Kaurismäki offre un nouveau conte humaniste, Julia Ducourneau surprend avec un premier film transgenre.
C'est forcément réducteur d'affirmer que depuis plus de 30 ans Aki Kaurismäki ferait le même film. Pourtant dans son 19e long-métrage, on trouve tout son cinéma, jusqu'à la façon de dérouler son générique. L'Autre côté de l'espoir est une quasi-suite de son précédent film, tourné en français, Le Havre. Changement de port, direction Helsinki, où un jeune réfugié syrien, sorti de la soute d'un navire minéralier, croise le destin d'un représentant de commerce devenu patron d'un restaurant pouilleux.
Je suis amené à faire une trilogie sur les réfugiés dans des villes portuaires
Aki Kaurismäki
Comme dans Le Havre, Aki Kaurismäki orchestre la rencontre avec un réfugié
Ici, l'autochtone part de loin : quand cet homme mûr gagne une grosse somme d'argent au poker, il plaque sans un mot d'explication sa femme alcoolique et change de vie sans penchant particulier pour l'altruisme. Mais la rencontre avec Khaled va révéler sa part d'humanité. Anachronismes, vieilles voitures et machines à écrire, lumière sombre, jeu lent et posé, humour décapant, toute la mélancolie d'Aki Kaurismäki est là. Il montre aussi la violence contre les réfugiés en Finlande, qui le désespère et nous émeut une fois de plus par son empathie pour les gens simples, dans un décor, un port, idéal pour son cinéma.
Grave, film d'horreur belgo-français de Julia Ducournau
Julia Ducournau n'a que 32 ans, son premier film est un événement rare qui a raflé 10 prix un peu partout dans le monde, dont deux au festival du film fantastique de Gérardmer. Grave est salué pour sa maîtrise, son art du transgenre, avec un thème pas évident : le cannibalisme d'une jeune étudiante en école vétérinaire.
J'espère que c'est bon signe, qu'il y a une ouverture d'esprit à l'égard du cinéma de genre
Julia Ducournau
Retenez au passage le nom de l'interprète principale Garance Marillier, 19 ans seulement, et un immense potentiel. Vendu dans une dizaine de pays, Grave a fait un bon début mercredi, c'est l'aboutissement d'un long chemin pour Julia Ducournau, faire et produire un film comme ça en France aujourd'hui, ce n'est pas simple.
Lost city of Z de James Gray
Dans cette semaine assez pauvre, outre le Kaurismäki et Grave, on ne peut que vous conseiller le lumineux Lost city of Z de James Gray pour son art de revisiter le film d'aventure et si vous souhaitez un conseil pour une séance de rattrapage, il suffit de demander à Catherine Deneuve qui sera mercredi prochain à l'affiche de Sage Femme de Martin Provost en compagnie de Catherine Frot, elle a vu et adoré 20th Century Women de Mike Mills avec Annette Bening dont elle dit : "Je ne comprends pas qu’elle n’ait pas été nommée aux Oscars".
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