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Transport aérien : un été à flux tendu

Grève, pénurie de personnel dans les aéroports européens, mobilisation dans les compagnies low-cost en Italie. Le transport aérien fait face à une poussée de fièvre de ses salariés qui se mobilisent pour leurs conditions de travail, menaçant de gripper la solide reprise du secteur.

Article rédigé par Frédéric Beniada
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
9 juin 2022. Aéroport de Roissy Charles de Gaulle. Manifestation des employés qui demandent des augmentations de salaires. Un quart des vols ont été annulés selon ADP. La grève touche plusieurs aéroports européens.  (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Si les compagnies aériennes se préparent à une belle saison estivale avec des réservations qui ont quasi-retrouvé les niveaux d’avant la crise en 2019, dans les aéroports, la situation pourrait s’avérer difficile dans les prochaines semaines.  

Après avoir mené des plans de départs à tour de bras, pour traverser la pandémie de Covid, compagnies et aéroports sont aujourd’hui exsangues face au retour massif et plutôt inattendu des voyageurs, au-delà des prévisions de trafic. On manque de personnel.  

Confrontés à un "bashing" anti-aérien au cours de ces deux dernières années, les métiers de l’aéronautique n’attirent plus, à l’exception des carrières de navigants. Il y a plusieurs raisons à cela, d’abord les niveaux de salaires sont faibles et ce sont des métiers où les rythmes de travail dans la plupart du temps sont décalés, très tôt le matin ou tard le soir.  

A rémunération équivalente, un jeune préférera clairement aujourd’hui, un emploi proche de son domicile à des horaires de bureau. Et comme les plateformes comme Roissy Charles de Gaulle ne sont pas simples d’accès, se rendre à l’aéroport nécessite d’être véhiculé, et face à la flambée des prix de l’essence, le choix est vite vu. Tous les professionnels le disent, le secteur a clairement perdu toute son attractivité.  

Début mai, Augustin de Romanet, le PDG du groupe ADP, avait fait part de ses inquiétudes pour cet été. 4000 postes restent à pouvoir à Roissy et Orly. La pénurie frappe les métiers de la maintenance, chargés notamment de régler les dysfonctionnements sur les passerelles ou dans le tri des bagages. On manque aussi d’agents de sûreté. Or dans ces métiers, les processus de recrutement sont longs, environ quatre mois pour obtenir tous les agréments.

Résultat, les personnels en place travaillent à flux tendu, d’où ces grèves pour réclamer des augmentations de salaires. Et nous ne parlons pas des files d’attentes interminables à la police aux frontières, ressort du ministère de l’Intérieur. Pour l’instant, le groupe ADP  limite la casse, mieux que ses voisins européens. A Amsterdam-Schiphol Francfort, ou Londres des centaines de vols ont dû être annulés ces derniers jours, en raison de la pénurie de personnels au sol.   

Au Royaume-Uni, des centaines de vols ont été annulés la semaine dernière pour la même raison, juste avant le jubilé de la reine Elizabeth II, et alors que s'annonce une saison estivale chargée. Le principal syndicat britannique, Unite, a également organisé une grève de cinq jours en avril, chez les bagagistes de l'aéroport de Luton et menace d'en faire de même chez British Airways cet été.


Le transport aérien "paye le prix des licenciements de masse pendant la période de la pandémie, a dénoncé le syndicat dans un communiqué. Les conséquences sont désormais un sous-effectif chronique" et tant que les entreprises n'amélioreront pas les salaires et conditions de travail, "les retards, annulations et le chaos continueront", promet Unite.


Les low-cost comme Ryanair, qui se porte bien, ne sont pas épargnées. En Italie, deux syndicats ont annoncé une grève de 4 heures mercredi dans la compagnie irlandaise pour demander de meilleurs salaires ou dénoncer son refus d'accorder les journées de repos obligatoires cet été. Même chose chez Volotea ou Easyjet. Ces mouvements ont engendré l'annulation de 360 vols en Italie, selon le responsable transport de la confédération syndicale UIL, Claudio Tarlazzi, cité par l'agence AGI.

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