Cet article date de plus de dix ans.

Que penser de la vente partielle de Toulouse-Blagnac aux Chinois ?

L’État a vendu au plus offrant, sans doute, bien au-dessus de la valeur réelle de ses 49,9% mais cette stratégie est-elle la bonne, et le projet chinois est-il vraiment viable ? On peut s’interroger et pour plusieurs raisons. Et ces interrogations vont bien au-delà la simple nationalité du repreneur.
Article rédigé par Frédéric Beniada
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (©)

D’abord s ur les ambitions affichées. Les Chinois veulent faire de Toulouse un hub, une plate-forme de correspondance, un nouveau point d’entrée en Europe pour les compagnies asiatiques, avec un objectif de 20 millions de passagers d’ici 2047.

 

20 millions de passagers contre un peu plus de 7,5 millions aujourd’hui, cela veut dire une croissance moyenne de plus de 8% par an. C’est très supérieur à celle enregistrée sur les grands aéroports européens au cours de ces 40 dernières années. Le chiffre se situe plutôt aux alentours de 4,5% à 5%.

Ensuite, il n’est pas du tout certain que le consortium chinois puisse convaincre les compagnies asiatiques de desservir Toulouse-Blagnac. Et pour une raison simple, Deux des plus importantes compagnies chinoises que ce sont China Eastern et China Southern, ont des accords avec Air France-KLM dans le cadre de l’alliance Skyteam. Elles disposent déjà de deux hubs de correspondance en Europe avec l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle à Paris et d’Amsterdam aux Pays Bas.

Des doutes aussi sur ce que l’on appelle les "droits de trafic", c’est-à-dire, le droit pour une compagnie de voyager d’un pays à l’autre. Le sujet  aujourd’hui discuté entre Etats est à la fois complexe, économique, politique et stratégique.  Augmenter les droits de trafic de compagnies chinoises vers Toulouse, affaiblirait le hub de Roissy et par voie de conséquence Air France-KLM. Le gouvernement prendra-t-il ce nouveau risque au regard de la fragile santé du groupe franco-néerlandais ?

Une surenchère qui risque de poser problème pour les privatisations futures de Nice et Bordeaux

Enfin pour revenir, à la surenchère chinoise à Toulouse-Blagnac, elle risque de poser un problème quant aux privatisations futures de Nice ou Bordeaux par exemple. Les candidats potentiels comme Vinci Airport ou ADP se lanceront-ils dans une nouvelle bataille s’ils savent, par avance, que de toute façon, le prix demandé ne leur permettra pas de s’aligner face à des investisseurs étrangers assoiffés de conquérir de nouveaux marchés ?

 

Dans le cas de Toulouse, les Chinois avaient une arme redoutable, des promesses d’achats auprès d’Airbus. Le gouvernement s’est laissé séduire, peut-être un peu vite pour combler les caisses de l’Etat.

En attendant la semaine prochaine, retrouvez plus de Chroniques du ciel sur notre  page Facebook et sur notre 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.