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Les questions autour de la mystérieuse disparition du vol MH-370

Comment peut­-on perdre la trace d'un avion ? C'est une des grandes questions qui se pose dans la disparition du Boeing 777 de la compagnie Malaysia Airlines. La dernière catastrophe aérienne restée sans aucune explication remonte à 1962, il y a plus de 50 ans...
Article rédigé par Frédéric Beniada
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Franceinfo (Franceinfo)

Il n'y a jamais eu dans l'histoire de
l'aviation commerciale moderne de cas d'accident d'avion de ligne dont on
n'ait jamais retrouvé le moindre débris. La dernière catastrophe aérienne
restée sans aucune explication remonte à 1962, il y a plus de 50 ans.
Ce
fut celle du vol 739 de la Flying Tiger, affrété par l'US Air Force pour
emmener des soldats de Californie à Saigon. L'appareil, un super
Constellation, avec 107 passagers à bord, s'écrasa peu de temps après son
décollage de l'Ile de Guam. Malgré d'intenses recherches, rien ne fut
jamais retrouvé.

Autre étrange disparition,
en 2003, sur l'aéroport de Luanda en Angola. Un Boeing 727, qui était
cloué au sol depuis plusieurs mois pour des défauts de paiement, fut
aperçu par la tour de contrôle alors qu'il roulait sur la piste. Sans
répondre aux injonctions des contrôleurs, il s'aligna et décolla pour
une destination inconnue. Puis, plus rien.
Recherché dans toute l'Afrique,
les Etats­-Unis ont cru pendant longtemps que cet avion pouvait ou allait
servir à une opération type septembre 2001. Cet appareil n'a jamais été
retrouvé.

En remontant l'histoire des
aviateurs célèbres, ont disparu, corps et âme, sans qu'aucun indice
ne vienne expliquer les circonstances de leur accident : Mermoz, sur la
Croix du Sud, Nungesser et Coli, sur l'Oiseau Blanc, Amelia Earhart, dans
le pacifique, et bien sûr Saint-Exupéry.

Le mystère demeure aussi sur le célèbre triangle des Bermudes ,
où de nombreux avions essentiellement militaires se sont
volatilisés, pendant et après la seconde guerre mondiale. Mais à l'époque,
les moyens de communication n'étaient aussi perfectionnés qu'aujourd'hui. Quant au Rio­-Paris, en 2009, il a
fallu près de deux ans pour localiser l'épave
et remonter les boites
noires.

Un avion de ligne peut-­il
devenir complétement invisible et disparaître ?

Les  moyens de communication d'un avion de ligne sont nombreux et
très variés. Les
pilotes disposent avant tout de radios HF (haute fréquence) et VHF (très
haute fréquence), qui sont redondants, et de systèmes de communication satellitaires très puissants et
fiables

Ils ont aussi à leur disposition l'ACARS, un système de communications codées qui envoie des informations techniques
à la compagnie aérienne
. Enfin il
y a le radar, le transpondeur, qui va permettre aux contrôleurs aériens
d'identifier l'avion avec un code spécifique. Et même si ce
transpondeur est coupé dans l'avion, et à la condition que la couverture soit
bonne, les contrôleurs ont toujours la trace de cet avion, ce que
l'on appelle un écho primaire, mais sans que l'appareil soit clairement
identifié. 

Enfin, dernier moyen
de communication, les balises de détresse qui émettent sur
des fréquences spécifiques en cas d'accident.

Les
boites noires à présent, comme fonctionnent­-elles ?

Tout d'abord, elles ne sont pas noires, mais orange, avec des
bandes réfléchissantes pour les retrouver plus facilement en cas
d'accident. Le nom de boite noire vient du fait que les premiers enregistreurs
de vol dans les années 30 s'appuyaient sur un support de papier
photographique protégé dans une enceinte noire.

Un avion commercial possède deux boites noires . Le
FDR, pour Flight Data Recorder, qui enregistre, seconde par seconde, tous
les paramètres du vol, et le CVR, le Cockpit Voice Recorder, qui comprend
toutes les conversations et l'ensemble des sons et annonces entendus dans
la cabine de pilotage. Sur le CVR, une analyse acoustique poussée peut
permettre de connaître le régime des moteurs
. Ces
deux enregistreurs de vol se trouvent à l'arrière de l'avion, partie la
plus protégée en cas d'accident.

Les boites noires peuvent résister à des chocs très violents, comme de
profondes
immersions (près de 6.000 mètres) ou l'exposition à de très hautes températures (plus
de 1.000 degrés)
. Ces
boites noires sont équipées d'une balise qui se déclenche en cas
d'immersion et qui va émettre un signal pendant au moins 30 jours
consécutifs
. Après le Rio­-Paris, le Bureau Enquête Analyses avait
recommandé d'allonger cette durée d'émission à 90 jours. Une recommandation qui
pour l'instant n'a pas été suivie d'effets.

Pourquoi
ce sentiment d'opacité au niveau de l'enquête sur la disparition du vol MH-370 ?

Tout simplement parce que les rôles de chacun n'ont pas été déterminés clairement.
Chinois, Américains, Malaisiens enquêtent de leur côté avec
des informations parfois contradictoires. On est dans le flou
total depuis la disparition de cet avion, il y a une semaine. 

Les textes de l'organisation
de l'Aviation Civile Internationale sont pourtant très clairs sur qui
doit gérer l'enquête, c'est l'annexe 13. Mais comme on ne sait pas où se
trouve cet avion. On reste dans cette situation très complexe avec ce
sentiment d'opacité, terrible pour les familles des victimes
, qui n'ont
pas de corps et aucune explication rationnelle.

En attendant la semaine prochaine, retrouver plus de Chroniques du
ciel sur notre page Facebook  et  

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