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L’aéroport de Toulouse va-t-il passer sous pavillon chinois ?

La privatisation partielle de l’aéroport du Sud-Ouest se joue actuellement entre trois candidats, dont un important consortium chinois.
Article rédigé par Frédéric Beniada
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (© Aéroport de Toulouse-Blagnac)

Avec plus de 7,5 millions de passagers l’an dernier, plus d’une trentaine de compagnies régulières, un chiffre d’affaires de 117 millions d’euros,  la privatisation partielle de l’aéroport de Toulouse-Blagnac suscite de nombreuses convoitises. Dans ce dossier, c’est l’Etat qui cède une première tranche de 49,9% de sa participation.

L'offre alléchante des investisseurs chinois

Aujourd’hui, trois candidats restent en lice.  Deux français, Aéroports de Paris et Vinci, et plus inattendu, le consortium associant le canadien SNC Lavalin à de puissants investisseurs chinois, un gestionnaire d’aéroports, un important loueur d’avions et fond d’investissement basé à Hong Kong.

 

Avec une proposition de rachat qui s’élèverait à 300 millions d’euros, l’offre chinoise serait la mieux-disante avec de nombreuses garanties. Et les chinois ont de grandes ambitions pour Toulouse-Blagnac. En misant sur un essor du tourisme dans le Sud-Ouest, ils veulent faire de l’aéroport un hub européen pour les compagnies chinoises et porter le nombre de passagers à plus de 20 millions à l’horizon 2040.

Un risque d'espionnage industriel

Mais cette candidature sino-canadienne inquiète et pose de nombreuses questions à Toulouse. Ces dernières semaines, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer, entre autre, un risque d’espionnage industriel, Toulouse étant un site sensible de l’industrie aéronautique avec notamment le siège d’Airbus Group.

 

L’avionneur reste lui discret sur le sujet, mais en coulisses on précise qu’il ne serait pas opposé à cette candidature. Ceci expliquant, peut-être cela, le loueur d’avions présent dans le consortium sino-canadien pour reprendre l’aéroport de Toulouse est gros client d’Airbus. Il vient d’ailleurs de signer un protocole d’accord pour l’achat de 100 Airbus A320 NEO. Rappelons aussi qu’Airbus possède une usine d’assemblage à Tianjin en Chine. Autant d’éléments que l’Etat devra prendre en compte au moment de trancher.

L'Etat se laisse le temps de la réflexion

A moins, que ce ne soit directement, l’allié des Chinois, SNC-Lavalin, qui fasse tomber cette offre, pourtant très alléchante. Depuis avril 2013, le groupe canadien a été radié par la Banque Mondiale de tout financement après un vaste scandale de corruption au Bangladesh. Ce n'est évidemment pas le cas, à Toulouse. Mais le groupe Lavalin pourrait se retrouver sous le coup d’une interdiction en appel d’offres d’état suite à une disposition de la loi relative à la prévention de la corruption. En attendant, le retour de la consultation des collectivités, l’Etat semble à présent, vouloir se donner le temps de la réflexion.

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