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L'inextricable dilemme des loueurs d'avions au cœur de la crise ukrainienne

Les sanctions et contre-sanctions déclenchées par l’invasion russe de l’Ukraine ont des effets dévastateurs pour les compagnies aériennes mais également pour les loueurs d’avions. 

Article rédigé par Frédéric Beniada
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un Airbus A320 de la compagnie aérienne russe Aeroflot en 2018. Avant les sanctions prises contre la Russie depuis l'invasion de l'Ukraine, la moitié de la flotte des compagnies russes était louée auprès de sociétés étrangères. 400 appareils auraient été "réquisitionnés" par le biais d'une nouvelle loi de Poutine. (Illustration) (YURI KADOBNOV / AFP)

Aujourd’hui, Il faut savoir que la moitié de la flotte des compagnies aériennes russes est louée auprès de sociétés étrangères. Un peu plus de 500 appareils qui volent sur le territoire russe, appartiennent à des entreprises occidentales pour une valeur de 12 milliards d’euros.

Les sociétés de leasing irlandaises touchées

L’Irlande où sont implantées les plus grandes sociétés de leasing est particulièrement concernée par ce problème. Basée à Dublin, la plus grande société du secteur, AerCap loue à des compagnies russes ou ukrainiennes, 152 avions : valeur deux milliards d’euros.

Pour mieux asphyxier les compagnies russes Aeroflot, S7 Airlines, Metrojet ou Donavia, il a été demandé à tous les loueurs d’avions occidentaux de rapatrier leurs appareils d’ici le 28 mars, c’est-à-dire lundi prochain. Sauf que l’affaire est loin d’être entendue, puisqu’il y a quelques jours, Vladimir Poutine a validé une loi qui autorise les compagnies russes à faire réimmatriculer en Russie les avions loués auprès de ces sociétés étrangères.

Cette riposte du Kremlin va permettre à ces compagnies d’obtenir des certificats de navigabilité russes, et de continuer à exploiter ces avions sur les lignes intérieures, en contournant  la suspension des certificats de navigabilité, décidée par les différentes autorités de l’aviation civile à travers le monde. Au-delà de cette question, une fois les contrats résiliés, les compagnies russes n’auront plus à effectuer de paiements pour la location de ces appareils, ni même à les entretenir. Les récupérer prendra des mois, reconnaît dans le New York Times, le 12 mars dernier, l’un des responsables d’AerCap.

Des avions "réquisitionnés"

L’autre risque, c’est que ces avions ne soient jamais rendus, et stockés pour être cannibalisés, puisque la Russie ne reçoit plus aucune piège de rechange d’Airbus ou de Boeing. Et dans le meilleur des cas, si les loyers continuent d’être payés par les compagnies russes, ils le seront en roubles et non en dollars, ce qui ne correspondra pas à la valeur que le bailleur comptait tirer de la location.

Au final,  les compagnies aériennes russes ont désormais en leur possession des avions qu’elles ne faisaient que louer. Effet boomerang de sanctions qui favorisent des sociétés russes au détriment de sociétés européennes.

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