Cet article date de plus de trois ans.

Chroniques du ciel. Philippe Petitcolin, DG de SAFRAN : "La crise va accélérer la transition écologique"

Philippe Petitcolin, Directeur Général du groupe Safran, nous livre sa vision de l’après-crise sanitaire

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Beniada
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le directeur général de Safran, Philippe Petit Colin, à Paris, en juin 2015. (LEJEUNE / MAXPPP)

franceinfo : Comment un groupe comme Safran, qui compte 95.000 salariés dans le monde a vécu cette crise sanitaire ?

Philippe Petitcolin : Nous avons mis en place des protocoles sanitaires dans toutes les sociétés du groupe à travers le monde afin de protéger nos collaborateurs.

Plus aucun voyage, plus rien ? 

Non plus rien.

On s’est acclimatés à la visio-conférence, au télétravail pour pouvoir poursuivre nos activités et protéger nos collaborateurs.

Philippe Petitcolin

Cette crise est pire que celle des Subprimes en 2008, les attentats de 2001 ou les deux guerres du Golfe ? 

Cette crise est pire que celle Subprimes qui avait été de plus courte durée, c’est une crise qui sera longue et elle est profonde. En 2009, les avionneurs ont continué à augmenter leurs cadences de production. Actuellement, les chiffres d’affaire sont en baisse de l’ordre de 40% à 50%, et la reprise sera longue, au mieux pas avant 2024 à 2025.

Cette crise va-t-elle accélérer la transition écologique ? 

C’est indéniable.

Pour faire repartir l’activité économique, il va falloir arriver avec de nouveaux produits, les avions totalement dé-carbonés prévus à un horizon 2050, devront voir le jour bien plus tôt d’ici 2035.

Philippe Petitcolin

Est-ce vraiment possible, puisque l’on sait que dans votre industrie, les cycles sont très longs, il faut, par exemple 10 ans, au minimum pour certifier un moteur, la rupture technologique à l’horizon 2035, elle est possible ?

C’est un objectif très ambitieux, ne jouons pas sur les mots, c’est possible mais aujourd’hui, nous n’avons pas toute les technologies disponibles pour dire oui, nous y arriverons .Pour avoir un produit qui rentre en service en 2035, il faut commencer à travailler sur le projet en 2025-2027, c’est demain, et c’est bien trop court .

Qu’est ce qui est réaliste aujourd’hui ?

Ce qui est réaliste, ce qui est réalisable, avec des chances de succès supérieures à 50%, c’est un produit qui permettrait une économie de 30% rapport à une génération actuelle sur les émissions de CO2.

L’avion totalement décarboné, là, c’est un véritable challenge !

Philippe Petitcolin

Elle passe par quoi, cette rupture technologique, les moteurs, la cellule de l’avion, autre chose ?

Oui bien sûr, si nous trouvons par exemple sur un avion à hydrogène, si on veut brûler de l’hydrogène, il y a un travail énorme à réaliser sur le conditionnement de cet hydrogène, un travail entre l’avion et le moteur, ce n’est pas simplement le fait de bruler de l’hydrogène, comment vous transportez cet hydrogène dans un état liquide, qui pour rester dans cet état doit être refroidi à moins 253 degrés. L’hydrogène utilisé dans les bus, c’est de l’hydrogène gazeux compressé, c’est plus simple.

On dit toujours que la dernière goutte de pétrole ira dans un avion ?

Je le pense, par contre, nous travaillons à remplacer ce pétrole par du bio-full synthétique et l’ultime produit que nous serions capable de brûler c’est de l’hydrogène.

On parle moins de l’avion électrique ?

On en parle toujours, mais pas pour des avions de ligne.

On utilisera des avions hybrides, mais de petits avions, ou des hélicoptères, ce que nous appelons les "Comuters".

Philippe Petitcolin

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.