Chroniques du ciel. Le 737 MAX va-t-il revoler ?
Est-ce enfin le bout du tunnel pour Boeing ?
D’ici quelques semaines, les États-Unis envisagent de procéder au vol de certification du Boeing 737 MAX, étape déterminante pour la remise en service de cet avion, cloué au sol depuis bientôt un an, à la suite des deux accidents de Lion Air et Ethiopian Airlines.
C’est traditionnellement au terme de ce vol de certification que les autorités de l’aviation civile décident d’autoriser ou non un avion à reprendre du service. Dans le cas du 737 MAX, il marquerait le début de la fin d’une crise historique qui a déjà coûté plus de 18 milliards de dollars et plongé les finances de Boeing dans le rouge.
En 2019, le constructeur de Chicago a perdu 636 millions de dollars
Première perte en 22 ans, depuis le rachat de l’avionneur McDonnell Douglas en 1997. Et même si le 737 MAX reprend la voie des airs dans les prochaines semaines, la crise est loin d'être terminée, et son coût menace d’être beaucoup plus élevé pour Boeing, jusqu’à 25 milliards de dollars selon certains analystes financiers.
La moitié de cette somme devrait servir à indemniser les compagnies et les familles des victimes des deux accidents, le reste servirait à éponger les pertes liées à l’arrêt de la production du MAX, maintenue à un rythme élevé jusqu’à fin décembre 2019, et aux aides à certains sous-traitants. Chaque mois qui passe coûte un milliard de dollars de plus au constructeur américain.
David Calhoun, le nouveau PDG de Boeing se veut optimiste
Le PDG affirme que les délais seront tenus pour une nouvelle certification de l’avion à l’été prochain. Sauf que la FAA, l’Aviation Civile Américaine, et l’EASA, l’Agence Européenne de Sécurité Aérienne, ont décidé de prendre leur temps, échaudées par les manquements de Boeing.
Le nouveau logiciel anti-décrochage à l’origine des deux accidents sera observé à la loupe, d’autant que de nouveaux problèmes ont été constatés, des problèmes de voyants. Mineurs certes, mais impossible, cette fois, d’avoir le moindre doute. Boeing qui doit aussi faire à une baisse des ventes du 787, la production vient de passer de 14 à 10 avions par mois, et aux difficultés rencontrées sur la mise au point du 777X, un avion de ligne biréacteur à fuselage large, dont le premier vol a eu lieu, fin janvier.
Avenir incertain pour le 737 MAX
À court et moyen terme, pas de menace sérieuse pour Boeing. La pérennité du constructeur américain n’est pas menacée. Le concurrent de Boeing, Airbus ne peut rester seul sur ce créneau du court-moyen-courrier, et serait de toute façon incapable de reprendre tout ou partie de la production de son rival. Et ce n’est de toute façon pas dans l’intérêt des compagnies aériennes, ni même de l’ensemble du secteur.
Quant à l’avenir du 737 MAX, il est incertain. Outre les compagnies, ce sont les passagers qu’il va falloir rassurer et reconquérir. Boeing doit aller de l’avant et peut-être maintenant envisager une véritable rupture technologique sur le marché des courts-moyens de 150 à 200 places, mais sans doute pas avant 2030.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.