Chroniques du ciel. Coronavirus et transport aérien : le pavillon français dans la tourmente
Avec la pandémie du Covid-19, le transport aérien et la trentaine de compagnies aériennes françaises traversent la pire crise de leur histoire.
Il est aujourd’hui très clair que la pandémie du coronavirus Covid-19 constitue la plus grave crise de l’histoire du transport aérien, bien plus importante que le SRAS en 2003, les "subprimes" en 2008, les attentats de septembre 2001 ou la guerre du Golfe.
Chute vertigineuse des réservations
Et si le risque est bien réel pour la santé publique, la fermeture des frontières de la part de plusieurs pays, est considérée comme une décision irrationnelle, par le secteur, une décision d’un autre temps.
Avec une chute vertigineuse des réservations, de l’ordre de 30% à plus de 50%, cette crise sanitaire va, dans les prochaines semaines ou les mois à venir, d’ici l’été, condamner plusieurs compagnies aériennes. La décision cette semaine de Donald Trump d’interdire le sol américain aux ressortissants européens va amplifier une situation déjà catastrophique pour le pavillon français.
Après l’arrêt des vols vers la Chine au début de la crise, c’est essentiellement vers les États-Unis qu’Air France notamment, avait prévu de redéployer une grande partie de ses capacités, un axe très rentable mais aussi ultra-concurrentiel. La situation est inquiétante, Air France n’aurait plus que deux mois de trésorerie d’avance, avant d’entrer dans une période critique pour la pérennité du groupe. KLM a déjà annoncé des coupes-claires.
Situation critique pour Air France/KLM et plus grave encore pour les transporteurs
La situation est encore plus grave pour les petits transporteurs, comme La Compagnie, spécialisée 100% classe affaires sur la desserte de New York, au départ d’Orly. Depuis quelques jours, ses deux A321 NEO sont cloués au sol, son personnel en chômage technique ou repos forcé.
French Bee, la low cost long courrier du groupe Dubreuil, peut-elle encore longtemps assurer les loyers de ses coûteux A350 face à des réservations en chute libre ? French Bee, qui comme Corsair comptait sur la desserte de New York, cet été, pour renflouer sa trésorerie.
Le groupe Aéroports de Paris en difficulté
Même le groupe ADP, dont la privatisation a été repoussée, vu le contexte économique aurait fait part de ses difficultés à rembourser ses prêts face à des investissements colossaux. En Europe, le groupe Lufthansa est au bord du dépôt de bilan. Le sort de Norwegian serait sur le point d’être scellé
Le secteur a fait le calcul. Cette crise pourrait coûter au pavillon français près de deux milliards d’euros. Et sans un véritable plan "Marshall" pour la profession, il disparaîtra purement et simplement. Cette fois, banques et gouvernement vont devoir jouer le jeu pour sauver ce qu’il reste à sauver.
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