Chroniques du ciel. Bernard Ziegler, père de l'A320
Avec la disparition de Bernard Ziegler, il y a quelques jours à Toulouse à l’âge de 88 ans, c’est une figure emblématique de l’aéronautique française qui s’est envolée.
Polytechnicien, pilote de chasse au centre d’essais en vol de Brétigny-sur-Orge, Bernard Ziegler fut l’un des pères de l’A320, devenu l’avion le plus vendu au monde devant le Boeing 737.
Fils d’Henri Ziegler, le premier directeur général d’Airbus, Bernard Ziegler avait de qui tenir. Il était aussi le frère de Michel Ziegler, pilote et créateur de la société Air Alpes, et l’un des pères de l’aviation de montagne.
Le début d’une longue saga
À son arrivée au sein du consortium européen, en pleine construction, Bernard Ziegler fut l’un des pilotes, qui fit décoller, le 28 octobre 1972, le premier exemplaire de l’A300B, aux côtés de Max Fischl. Fort de ce succès, on le charge en 1976 de créer la future division des essais en vol d’Airbus. Puis il joue un rôle fondamental dans la conception et la mise au point de l’A320, premier avion commercial à être équipé de commandes électriques de vol, qui seront généralisées à toute la gamme Airbus et à l’ensemble des avions civils.
Au cours de sa carrière, qui s’est étendue sur près de quatre décennies, il a pleinement exploité le potentiel des commandes de vol électriques, notamment en intégrant la protection de l’enveloppe de vol au logiciel de contrôle. Son héritage continue de vivre dans les commandes de vol électriques de tous les avions Airbus actuels, et à travers leur intégration dans tous les avions de ligne modernes du monde entier.
Personnage haut en couleur, au caractère bien trempé
Bernard Ziegler a imposé l’équipage à deux, et sa vision sur l’automatisation des cockpits. À la fin des années 80, il s’oppose de front au SNPL et crée la polémique lorsqu’il déclare vouloir transformer les pilotes "en chauffeur de bus".
Son souvenir reste également associé à ses démêlés judiciaires. En 1962, il est relaxé après avoir accidentellement sectionné le câble d’un téléphérique avec un avion de chasse. Six personnes trouvent la mort. En 2006, il est une nouvelle fois mis en cause lors du procès de l’accident du Mont Saint-Odile. Il est là aussi relaxé mais très affecté. De toute l’histoire d’Airbus, Bernard Ziegler est le seul acteur que l’on évoquait par ses seules initiales, BZ.
Il a également pris les commandes de l’A310, de l’A320 et de l’A340-200
En juin 1993, Bernard Ziegler contribue au plus long vol jamais réalisé par un avion de ligne. Il participe au tour du monde effectué en un peu plus de 48 heures par un A340-200 baptisé "World Ranger" depuis Paris, avec une seule escale à Auckland, en Nouvelle-Zélande.
Jusqu'à son départ à la retraite en décembre 1997, Bernard Ziegler a exercé les fonctions de Senior Vice President of Engineering d'Airbus (directeur technique).
Dans un livre intitulé Les cowboys d’Airbus, Bernard Ziegler a raconté ses 40 années consacrées à l’aviation, la naissance, puis le décollage d’Airbus, auquel peu de gens croyaient dans les années 70. "Airbus, écrivait-il, c’était quelques centaines d’ingénieurs européens, pas de clients, et une réputation de farfelus exotiques dans un monde dominé par les Américains". Vous connaissez la suite.
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