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Chronique du ciel. Pékin a fait voler le C919

Le C919 n’est pas le premier avion de ligne construit par la Chine, mais le premier à vouloir s’attaquer directement au duopole Airbus-Boeing sur le marché du moyen-courrier.

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Beniada
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Sortie du C919 (Comac)

Le C919 n’est pas le premier avion de ligne construit par la Chine, mais le premier à vouloir s’attaquer directement au duopole Airbus-Boeing sur le marché du moyen-courrier. Avant le C919, Pékin avait lancé, l’ARJ21, un avion régional de 70 places, un segment sur lequel les deux géants, l’américain et l’européen sont absents. Aujourd’hui, Comac, le constructeur du C919 entend rivaliser avec les deux "best-sellers" mondiaux que sont l’A320 et le Boeing 737

Un duopole que ni le canadien Bombardier, ni le brésilien Embraer, ni les russes Tupolev ou Sukhoï n’ont jusqu’à présent réussi à ébranler, faute de moyens suffisants. Avec plus de deux ans de retard, ce premier vol d’essai du C919 n’est pas une affaire en soi, mais il est symbolique, révélateur de la volonté de Pékin de devenir une grande puissance aéronautique.

La menace est prise au sérieux par Airbus et Boeing

En s’appuyant sur le savoir-faire de partenaires occidentaux, comme Honeywell, Zodiac, CFM pour les moteurs et Safran pour toute une série d’équipements, Pékin rattrape en un temps record, plus d’un demi-siècle de technologies de pointe et de recherche.

Pour autant le chemin est encore long et semé d’embûches avant que la Chine parvienne à inquiéter Boeing et Airbus. Sans doute une bonne vingtaine d’années. Il va déjà falloir que l’avion soit certifié non seulement en Chine, mais aussi aux États-Unis ou en Europe pour être commercialisé hors du marché chinois. Ce qui est loin d’être gagné, on l’a vu avec le ARJ-21, qui attend depuis son premier vol en 2008 le précieux sésame de l’aviation civile américaine

Le C919 pourrait pousser Airbus et Boeing à remplacer les 320 et 737

Il faudra ensuite convaincre les compagnies aériennes de la disponibilité opérationnelle de l’avion et les passagers occidentaux. Très peu de chance qu’Airbus ou Boeing restent les bras croisés, Comac pourrait inciter les deux constructeurs à franchir cette rupture technologique tant réclamée par les compagnies pour remplacer les 320 et les 737, et non pas juste les moderniser avec du NEO ou du Max.   

 C’est la raison pour laquelle le C919, une fois certifié va rester cantonné, dans un premier temps, au marché intérieur chinois. Mais peu importe pour Pékin, la Chine à elle seule représente déjà un marché énorme. Près de 7000 avions sur les 20 prochaines années. Et comme les Chinois ont du temps, de l’argent et de la volonté, les choses finiront par se faire.

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