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"Voter blanc, ça peut être un choix de second tour constructif"

Christine vote depuis 18 ans alors que Mathieu découvrira son bureau de vote le 22 avril. Ensemble, ils se mobilisent à Boulogne-sur-Mer pour des initiatives citoyennes. Ensemble, ils réfléchissent aussi au vote blanc au second tour de l'élection présidentielle.
Article rédigé par franceinfo
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Mathieu, étudiant en anglais pour devenir enseignant, guettait depuis quelques temps sur le Net l'émergence d'Occupy Wall Street, le mouvement des Indignés américains, quand il en a parlé à Christine, 37 ans, qui fut sa prof de français en cinquième et qui penche plutôt à l'extrême-gauche. Ensemble, ils ont monté Occupy Boulogne, sur la côte d'Opale, dans le pas-de-Calais. Boulogne-sur-mer compte 40 000 habitants, et Occupy Boulogne peine à rassembler plus de cinquante personnes au plus fort des rendez-vous sur le pavé.  

La presse locale a ri de l'ampleur embryonnaire du mouvement, s'en est moquée, racontent Christine et Mathieu. Eux disent pourtant que l'essentiel est ailleurs. Pas dans la taille mais dans l'énergie que ça leur donne de pouvoir aller au contact des habitants ; parler politique, mais surtout citoyenneté. Mathieu dit qu'ils n'avaient "rien à gagner, mais rien à perdre ". Alors qu'il votera pour la première fois le 22 avril pour le premier tour de la présidentielle, il mâture au contact de ces autres trajectoires, croise militants ou simples citoyens.

Vers 16 ans, il a commencé à s'intéresser à la politique, alors qu'on n'en parlait assez peu en famille. Spontanément, il s'est découvert une fibre écologiste aussi naturelle que le fait d'habiter au bord de la mer et d'avoir envie de protéger la nature. Il a d'abord cru qu'il voterait pour Eva Joly, avant finalement de profiter de l'élan pour Jean-Luc Mélenchon pour se laisser tenter par le Front de gauche et découvrir "[son] vote utile perso ".

Christine aussi votera Mélenchon au premier tour, et pas NPA dont elle se sent toutefois proche mais qui ne décolle pas. Au premier tour, l'un comme l'autre estiment avoir encore de quoi faire un choix. Au second, le 6 mai, en revanche, ils voteront blanc. Pas par désintérêt pour la politique, ni par rejet du jeu civique. Christine dit même qu'elle n'arrive pas à se résoudre à l'abstention volontaire que revendiquent pourtant nombre de ses amis dans son entourage.

La seule fois où l'enseignante s'est abstenue, c'était 2002 et le refus d'un duel Chirac vs Le Pen. Elle raconte avoir reçu de nombreuses leçons de morale, qui ont plutôt eu pour effet de renforcer son cheminement vers le vote blanc. Ce sera la première fois qu'elle vote blanc, cette année, si l'issue annoncée se confirme, avec un second tour Hollande face à Sarkozy. 

Mathieu aussi se prépare à voter blanc, parce qu'à la veille de son premier scrutin, il attend davantage de démocratie directe, ou par exemple la possibilité pour les électeurs de biffer sur les programmes certaines mesures qu'ils rejettent. 

L'un comme l'autre réclament davantage de référendums, même si, comme beaucoup de témoins rencontrés depuis un an pour Carte d'électeur, Christine a gardé la consultation de 2005 sur le Traité constitutionnel européen en travers de la gorge. 2005 fait partie de ces années de rupture, dans son parcours citoyen, au même titre que 2002 pour l'arrivée de Le Pen au second tour et le mouvement social de 2003, qui s'était éteint trop tôt à son goût.

 

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