"Adopter une petite fille colombienne il y a trente ans, c'était militant"
Parce qu’elle s’était raidie d’entendre Mercedes, 72 ans comme elle, témoigner dans Carte d’électeur à l’automne 2011, Claudie avait écrit. « Candidaté » pour intervenir dans Carte d’électeur, même. Sa lettre racontait qu’ayant le même âge que l’Espagnole gaulliste qui évoquait au micro « les racines chrétiennes de l’Europe », elle entendait dire à son tour « ce qu’elle pensait des étrangers ».
En l’occurrence, du bien. Car Claudie, qui fut enseignante au Nord de la Loire avant de revenir à Marseille quelques années avant la retraite, se dit militante de la tolérance. Elle ne dirait pas que le racisme a progressé autour d’elle depuis dix ans, mais peut-être que les propos les plus crus sont aujourd’hui décomplexés. Quand je lui ai demandé d’où pouvaient venir ces coups de gueule qu’elle pousse de temps à autre (moins souvent depuis qu’elle est à la retraite, précise-t-elle) contre les saillies xénophobes qui la crispent, elle a du réfléchir un peu avant de trouver : « La Case de l’oncle Tom », un « brûlot » de son enfance.
Depuis ces souvenirs des années 40, des ONG ont tout de même pris le relais de la littérature enfantine. Si Claudie se dit « militante » aujourd’hui, c’est plutôt dans le giron d’associations auprès desquelles elle chemine depuis maintenant cinquante ans : Terre des hommes, d’abord, puis Amnesty. Chez elle, y compris adopter une petite fille colombienne « alors qu’on avait déjà trois enfants et donc pas besoin » incarne « ce qu’on appelait alors l’action pour le Tiers monde ».
Au fil des années, et alors qu’elle était encore enseignante, Claudie a désinvesti petit à petit le syndicalisme qu’elle avait rejointe en tant que simple adhérente, ou encore les partis, où elle avait passé un orteil, encartée « un ou deux ans pas plus » au PSU dans les années 60.
Depuis, Claudie ne s’imagine plus s’investir dans un syndicat ou un parti. Si elle prise Amnesty et s’y investit, c’est justement parce que leurs combats lui semblent « indiscutables ». Elle n’en disait pas tant lorsqu’un préavis de grève s’annonçait au lycée, à l’initiative du syndicat auquel elle adhérait.
Pourtant, Claudie continue de suivre avec assiduité la vie politique. Même la campagne qui « ronronne » d’après elle ne l’a pas lassée, alors qu’elle sait depuis « déjà un moment » pour qui elle votera le 22 avril. Eva Joly en l’occurrence, dont elle regrette que la campagne soit « inexistante », même si elle a manqué s’étouffer lorsque je lui ai demandé s’il n’y avait pas quelque chose d’un peu désemparant à voter pour une candidate qui stagnait autour de 2% dans les sondages.
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