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"Les clientes de Mauboussin ne sont pas des 'femmes "trophées' " estime Alain Némarq, PDG de la marque

Alain Némarq, Président-directeur général de Mauboussin, est l'invité d'Olivier de Lagarde. 

Article rédigé par Olivier de Lagarde
Radio France
Publié
Temps de lecture : 308 min
Mauboussin, joailler, fabricant d'accessoires. 86 boutiques en France. Le PDG Alain Némarq, dans une de ses boutiques à Paris.  (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Mauboussin, c'est ce joaillier, horloger, fabriquant d’accessoires dont l'histoire et la création remontent à 1922. Aujourd'hui, c'est 86 boutiques en France, une vingtaine à l'étranger, et un chiffre d'affaires annuel de 85 millions d’euros. Alain Némarq, Président-directeur général de Mauboussin, est l'invité de "Ça nous marque". 

Des racines au XIXe siècle 

Mauboussin, c’est Georges Mauboussin qui donnera son nom à la marque en 1922, mais l’histoire de la maison remonte à 1927 et certain Monsieur Rocher, artisan joaillier à Paris qui se fait une clientèle. A l’époque, on reçoit cette clientèle dans son atelier. Une vingtaine d’années plus tard, il va faire appel à un de ses cousins, Georges Mauboussin, pour d’abord l’épauler puis lui succéder, et donner finalement son nom à la marque.

"C’est un moment très particulier, car la société est en pleine évolution et Mauboussin dépose un brevet qui permet d’alléger les bijoux, et c’est très important parce que le fait de pouvoir réduire le poids du métal en haute joaillerie rend les bijoux beaucoup plus confortables", souligne Alain Némarq. 

L’âge d'or et la trahison du Sultan

Au début du XXe siècle, ces bijoux s’adressent à une clientèle fortunée, mais lorsque dans les années Art Déco Mauboussin développe l’utilisation des pierres fines, il rend ces bijoux un tout petit peu moins cher. Ils sont par exemple accessibles à une clientèle qui est directement issue du show business. La femme de Charlie Chaplin, Greta Garbo sont des clientes de Mauboussin.

La marque va prospérer jusqu’en 1998, date à laquelle Mauboussin va perdre la clientèle du Sultan de Brunei. Les achats de celui qui est alors l’homme le plus riche du monde représente 80% du chiffre d’affaires de la maison.

"Le monde du très grand luxe est aussi un monde de caprices, explique Alain Némarq. Patrick Mauboussin est à l’époque le directeur artistique du frère du Sultan. Que s’est-il véritablement passé entre eux, personne ne le saura jamais... Le fait est que, du jour au lendemain, la clientèle du Sultan s’en va et que cela pose à la société un problème d’équilibre gigantesque". 

Le virage vers le "luxe accessible" 

C’est en 2002, qu’Alain Némarq prend les commandes de Mauboussin et il va repositionner la marque. Mon idée première, c’est de considérer qu’au cours des 30 années passées, la position de la femme a profondément bougé dans la société. Or, le monde de la haute joaillerie en 2002, est un monde de trophées ! L’homme vient acheter place Vendôme le bijou pour la très jolie femme qu’il a séduite et qui sera une preuve de sa propre puissance et richesse

Ma conviction, poursuit le PDG de Mauboussin, c’est que le bijou doit se porter autant dans la journée qu’en soirée, et que c’est la femme qui va se l’approprier et qu’elle va devenir la vraie cliente de Mauboussin".

Alain Némarq n’a cure du mépris de ces concurrents qui estiment qu’avec ces publicités dans le métro il abîme sa marque. "L’émergence du luxe accessible c’est une interrogation pour toutes les maisons de luxe, en tous cas de toutes celles qui veulent continuer à exister en France"...      

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