Taubira, la femme clivante
Hommage, hommage et re-hommage. Chez les femmes. En revanche, du côté de la gente masculine, hum ! hum ! comment dire ? C’était… de l’air ! On va, enfin, avoir de l’air… fini la mère fouettarde.
Dans les couloirs du Palais, les robes noires vont et viennent. "C’est une Garde des Sceaux que l’on respecte… elle a tenté des choses... pas toujours abouties, c'est vrai… mais il y avait de la volonté."
Moi, à cet avocat : "Donc, vous allez la regretter, j’imagine."
Planté. "En fait… nan…. Ce côté femme dirigiste, ça passait pas avec moi."
Moi : "On appelle ça une femme forte… Vous êtes un macho !"
Lui, habitué aux attaques en tout genre (avocat quoi) : "Peut être… mais j’m’en fiche ! Je n’aime pas qu’on me parle comme si j’étais un gamin… et elle, au travers de ses belles envolées, souvent très belles, elle se prenait pour notre mère ! Et une maman, ben j’en ai déjà une…"
Il file. Audience oblige.
Les belles envolées, littéraires et lyriques de Christiane Taubira, c’est sûr, resteront. Je me souviens alors être allée à la Chancellerie, pour ma chronique, le 11 décembre dernier. Elle remettait alors le Prix des Droits de l’homme. Le 17 du même mois, c’était à l’occasion de la journée nationale des victimes.
Et à chaque fois, on a entendu les mots d’une femme, très enveloppante. Un peu comme une mère, effectivement. Une maman, au combat… pour protéger ses ouailles, et les mater un peu.
Au Prix des Droits de l’homme, Mme Taubira avait évoqué "notre cœur lourd, après les attentats… un cœur qui sera lourd, longtemps" , avant prédit la Garde des Sceaux. Mais elle avait aussi, à sa façon bien à elle, fait place a des messages subliminaux et bien carrés: "Ce ministère de la Justice, qui est le vôtre, le seul dont l’autorité est inscrite dans la Constitution… liberté, égalité, fraternité."
A l’époque, elle est mal… C’est une femme (ou une maman, c’est selon) muselée, on ne l’entend guère. Donc, dès qu’elle le peut, elle lâche sa pensée. Ce même jour, elle enfonce le clou : "Nous avons laissé s’installer les inégalités. Nous devons avoir une exigence morale. Nous sommes responsables de l’état actuel des choses."
La désormais, ex-Garde des Sceaux, avec ses airs de maman (qui donc en exaspère certains) avait parlé de "l’attention à porter aux autres" . Et, avec ses airs de femme qui dit les choses (qui donc, plaît plutôt a la gente féminine), "de la nécessité de préserver les libertés, sinon les conséquences seront extrêmement lourdes" .
Edouard Glissant avait fait partie de cette journée, à la Chancellerie. Avec cette pensée du grand poète, énoncée : "Agis en ton lieu, et pense avec le monde."
Le 17 décembre, pour la journée dédiée aux victimes, une phrase de Christiane Taubira, avait retenu mon attention. Je l’ai retrouvée dans mon carnet de note : "Je ne serai pas toujours là, de toute évidence…"
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