Cet article date de plus de huit ans.

Colère pour tous

Ce fut une journée rouge. Profs, taxis, agents de la fonction publique… beaucoup de monde en grève aujourd’hui. Une grève-déversoir de malheurs.
Article rédigé par Nathalie Bourrus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
  (Incidents sur le périphérique parisien mardi 26 novembre 2016 lors de la manifestations des taxis en colère © Maxppp)

La coupe semble pleine. Déjà, à l’école, ce matin… ambiance électrique :

"Bon, tu vas chez ta grand-mère cet après-midi. Elle vient te chercher à 11h30. D’accord ?"

La maman a les nerfs en pelote. Elle cavale derrière les solutions.

L’enfant :

"Ah bon ? Mais pourquoiiiiii ??? "

Elle :

"Bon écoute, je te l’ai deja expliqué hier soir. C’est la grève ."

Lui :

"La quoi ???"

L’école se remplit peu à peu.

Grosse fatigue

Les copains arrivent. Ouf, sauvée par le gong. Il n’y aura pas de deuxième explication à donner, sur la grève. C'est déjà ça de gagné. 

"Vous êtes donc, contre cette grève ?"

lui dis-je.

Elle :

"Non… je les comprends… le pouvoir d’achat qui n’augmente jamais, ce n’est pas possible, pas acceptable… je suis juste énervée, parce que je jongle entre grand-mère, nounou, et tout le reste ! Et moi non plus, mon pouvoir d’achat il n’augmente pas tellement vous savez. Donc, là, si je dois payer quelqu’un pour garder mon fils, je ne peux pas."

Serait-on, tous, un peu dans la même galère finalement ?

Probable.

En tout cas, cette journée de grève a pu provoquer, chez certains, un déversement de trop plein. La coupe est visiblement pleine, il fallait la vider. Je prends le métro, direction Porte de la Chapelle, voir les taxis en colère.

Sous le périph : trois voitures de policiers.

 "Ils sont encore là les taxis ?"

Eux :

"Euh… on sait pas…nous, on a pour ordre de fermer le périph, là "

Moi :

"Carrément ? Le ferme r ? Et  jusqu‘à quelle heure ?"

Eux, stressés,  talkie-walkie à l’oreille:

"On ne sait pas encore. On cherche à savoir la suite ."

Moi, en mode auto-stop

J’arrête une voiture, au feu. Le monsieur va vers Porte de Pantin :

" Merci de me prendre en stop, c’est vraiment gentil "

Bon, il n’a pas eu vraiment le choix le monsieur. Et hop, me voilà partie, sur le périph. Nickel… fluide. De ce côté-ci. Parce qu’en sens inverse, ils sont à l’arrêt.

"Je viens de la Porte Maillot… ça fait plus d'une heure  que je suis sur le périph …là-bas, c’est dur… Y’a des flics partout. Je crois qu’ils ont arrêté des chauffeurs de taxis "

Moi :

"Ah oui ? c’est chaud ! Et sinon,  vous la comprenez la grève des taxis ? Vous les soutenez ?"

Enervés

Lui, agacé :

  "Disons que payer une sorte de patente, c’est dur… se faire doubler par des non professionnels, c’est sans doute injuste. Mais bon, ils ont un peu raté le coche, les taxis …mes enfants prennent Uber, tous leurs copains aussi. C’est entré dans les mœurs, c’est la nouvelle économie, c’est comme ça "

Moi :

"Vous êtes dur, non ? Ils se sentent floués les taxis ."

Lui, très agacé :

"Mais oui je sais… mais on est tous un peu floués en ce moment !! Les 35 heures qui vont disparaitre, vous croyez que ça me convient à moi ??? C’était une soupape ces 35 heures ! Je ne suis pas très bien payé,  au moins j’avais cet avantage ! Ben ça va être fini ! Voilà… "

Après s’être lâché. Il me lâche Porte de Pantin et file vers la banlieue.

La journée  "grève, façon déversoir" s’achève, enfin…

Demain est un autre jour.

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