C'était comment ? IVG: "Vous irez dans l'enfer éternel"
Crispation à l’assemblée Nationale, aujourd’hui. Le sujet était brûlant: l'IVG. Ou plutôt, le délit d’entrave numérique à l’IVG. Colère de la Droite et de l'Eglise. Nathalie Bourrus y était pour franceinfo.
C’était…Vade retro Satanas ! Dans la salle des 4 colonnes, juste avant les débats, ambiance monacale. Nous sommes jeudi 1er décembre. Les députés sont déjà rentrés dans leurs circonscriptions, sauf les plus accros, ceux qui veulent que ça saigne.
Dominique Tian, député Les Républicains, farouchement opposé au texte sur ce délit d’entrave, est outré. "Les sites, qu’on veut museler, ne font qu’informer les femmes !"
Moi : "Ils sont très très accrocheurs… certains donnent des numéros verts, rappellent parfois beaucoup celles qui hésiteraient à avorter…"
Lui : "Il vaut mieux un site accrocheur, pour s’informer, non ?"
Moi : "Ça fait pas, un peu malsain, d’être très accrocheur sur un sujet aussi délicat ?"
Lui : "Non. L’église est d’accord vous savez"
Ah, l’église… citée en pleine assemblée nationale ! Je ne sais pas vous, moi j’trouve ça bizarre. Tiens, voilà monsieur Poisson, vaincu à la primaire
"Malsain ? Je ne vois pas bien", me rétorque-t-il.
Moi : "Malsain, dans le sens ou il y a une sur-dramatisation sur certains sites."
Lui : "Si vous vous faites opérer, vous n’avez pas envie de connaître les conséquences ?"
Moi : "Si, bien sur mais je n’ai pas forcément envie, de voir une autre personne que moi, en train de pleurer, juste avant de passer au bloc…"
Un ange passe… silence monacale. Je me dirige vers l’hémicycle. Les débats ont commencé. C’est nettement moins châtié.
À la tribune, Catherine Lemorton, la présidente de la commission des affaires sociales : "Imposer une Ivg à une femme, comme ces sites le font, c’est une honte !", crie la députée. "Si un enfant non voulu, ou impossible à assumer, arrive dans les familles que vous défendez… ces familles que vous aimez tant…comment elle fera la famille ?", s’emporte-t-elle.
"Ne vous énervez pas madame !", ironise un député de droite.
"Votre texte est une atteinte", vient-il ajouter, très énervé. "Vous voulez faire peur aux auteurs de ces sites, en leur infligeant des amendes ! C’est une atteinte à la liberté d’expression !"
"Cela n’a rien à voir !, hurle Marie-Georges Buffet. Ces sites désinforment. Je vous le dis, vous n’aurez plus le droit de faire pression sur elles, plus jamais !" Les murs tremblent, les cierges se sont éteints à force de pester.
Et le rapporteur du texte, nous fait une confidence. "Un prêtre a envoyé un mail à tous les députés. Il a écrit : 'Si vous signez la proposition de loi, vous signez votre entrée dans l'enfer, éternel.'
Mais chuuuut…même au confessionnal, je n’oserai livrer le nom du prêtre (je le connais). Car moi, je veux aller au paradis.
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