C'était comment ? Des ados-graffeurs contre le racisme
C’est la semaine d'actions contre le racisme et l’antisémitisme. Le musée de l’histoire de l’immigration, Porte Dorée à Paris, organise Le Grand Festival. 6 jours de danse, de théatre, et d'ateliers pour les ados. Nathalie Bourrus y était.
C’était…beau.
Beau de voir ces adolescents, démarrer un atelier sur la discrimination, en grimaçant, en se chicanant comme ils savent si bien le faire à cet âge là.
Garçon, contre fille. Fille, tout contre les garçons.
"Alors, vous voyez là il y a 2 images… vous en choisissez une, et vous la redessinez." "Hein ? Qu’est ce qu’il a dit ?" À ma droite, à ma gauche, des garçons de 15 ans.
"Oh ça va, arrête de déconner !" … La grosse voix de celui qui mue (j’y connais rien)
L’animateur, graphiste, répète en tournant autour de la grande table. "Vous prenez tous, une feuille blanche, et vous dessinez l’une des 2 images".
Ça y est, c’est rentré. À ma gauche, l’ado a choisi une main, noire (il écrit noir sans E, passons), avec un pouce levé, et, au bout de ce pouce, 5 doigts de couleur blanche se déploient .
Le garçon ne rit plus. Il s’applique.
"Maintenant, vous écrivez ce que cela signifie pour vous"
"Allez, Abdel, concentre toi un peu" Ça, c’est la prof qui les accompagne.
Abdel continue de chambrer ses copains, il s’agite. Puis, il écrit : "Différents, mais tous pareils." Ah là, ça ne rigole plus du tout.
L’animateur : "Quelqu’un a choisi la 2ème image ?"
Une fille : "Moi ! On voit de la pluie, et des éclairs, cela signifie la guerre."
Un dessin pour chaque mot
Ils sont tous pris par cet exercice, pénible au départ, révélateur à l’arrivée.
Un garçon : "En fait, pour moi, les gouttes qu’on voit, ce sont des bombes, ce n’est pas de la pluie."
"Donc maintenant, voici une affiche. 3 mots sont écrits, leur dit l’animateur-graphiste. Il est écrit Stéréotypes/préjugés/discriminations. Vous écrivez ce que ça vous inspire"
Violences… handicaps… critiques….infériorités….origines…idées reçues…exclusions…. apparences. Ça fuse dans tous les sens.
"À présent, vous faites un dessin pour chaque mot"… "Puis, vous associez vos dessins, avec ceux de vos voisins"
Ça s’accélère. Des pots de peinture noire, des pinceaux, des ciseaux, des tubes de colle, débarquent sur la table. Et tout à coup, des dessins dignes des plus grands grapheurs surgissent.
Beau, à couper le souffle. Plus personne ne se chambre, chacun est surpris par sa propre œuvre, sa propre tolérance ou sa rage intérieure.
Un atelier thérapeutique, sur l’Autre, auquel beaucoup d’adultes devraient s’inscrire.
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