"Les gens qui font ce travail sont des chasseurs" : dans les coulisses du métier de détective privé
14h30, parking d'un supermarché. Un homme prend discrètement en photo des documents laissés sur le tableau de bord d'une voiture. "Je vois qu'il y a un bon de visite. L'info peut être intéressante...", glisse Charles-François Chazit, détective privé à Lyon. Ce bon de visite est effectivement intéressant : sa cible du jour est une femme qui travaille dans l'immobilier et qui a signé une clause de non-concurrence. Depuis qu'elle a quitté sa précédente entreprise, elle a interdiction de travailler sur une zone géographique précise. Comme l'ancienne entreprise a des doutes, son patron a fait appel à ce détective privé.
Abus, fraudes et affaires sociales
15h, la cible a terminé ses courses. La filature démarre."Ok, top départ !" Si la cible organise une visite de maison, c'est une rupture de sa clause. Pour le savoir, il ne faut pas la lâcher. Charles-François et son complice la suivent chacun de leur côté, en se parlant au téléphone : "OK, première sortie à droite. A priori, on est à 100 mètres de l'adresse du bon de visite..." Impossible de s'approcher plus. Maintenant patience.
"La patience, c'est un élément déterminant. Après, il faut de la réactivité, ça peut partir d'un seul coup, et en même temps, il faut une grande maîtrise de soi."
Charles-François Chazitdétective privé
Fraude aux assurances, arrêts de travail abusifs, abus de bien social voilà à peu près la moitié des dossiers traités par le cabinet de Charles-François. L'autre moitié concerne les affaires familiales. Adultère, garde d'enfant. "C'est un exemple réel la personne qui garde son enfant, qui l'emmène dans un bar, qui boit, qui prend le volant derrière."
Mais les prestations de Charles-François ne sont pas à la portée de tous, entre 90 et 110 euros de l'heure. "Ah, il y a une femme qui vient de se garer juste derrière elle", s'exclame-t-il soudain. C'est potentiellement la cliente de la visite. La "pêche" est bonne aujourd'hui, il est temps de "décrocher du dispo".
Charles-François résume : "Les gens qui font ce métier sont des chasseurs, on recherche cette montée en pression. Pour moi, c'est clairement un métier de passionnés." Des passionnés qui ne comptent pas leurs heures, le tout pour un salaire qui oscille en moyenne entre 2 000 et 3 000 euros par mois.
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