Visite de l'exposition street-art de Jef Aérosol à Paris
Partons découvrir l'oeuvre originale de l'une des figures internationales de l'art urbain qui célèbre 40 ans de création, face à la Bibliothèque François Mitterrand dans le 13e arrondissement.
Un sentiment de familiarité : c’est ce que procurent les œuvres au pochoir en noir et blanc de ce street-artiste. Sa fresque géante baptisée "Chuuuttt !!!" fait toujours grand bruit dans le quartier Beaubourg, à Paris. Un autoportrait réalisé à la bombe aérosol à partir d’un photomaton, où le peintre pose son index sur sa bouche, les yeux écarquillés.
"Moi ce qui m’intéresse à l’atelier, quand je prépare un pochoir qui ensuite sera peut-être sur un mur dans la rue, c’est que je sois ému moi-même."
Jef Aérosol, alias Jean-François Perroyà franceinfo
Tel un photographe humaniste, Jef Aérosol place l’humain au centre de son œuvre. "Mon idée, c’est d’introduire un nouvel habitant dans un quartier. Je le fais à l’échelle un, donc il est comme nous. Il est en noir et blanc, pour qu’on comprenne bien qu’il ne s’agit pas de trompe-l’œil, et que c’est un acte d’art. Star, icône, enfant, adulte, peu importe, moi je fais des gens. Et donc, c’est pour ça que c’est familier."
Déjà 40 ans que Jef Aérosol peuple les rues de visages grimaçants, songeurs éberlués ou interrogateurs. De la Grande Muraille de Chine à Ushuaïa, aujourd’hui son œuvre s’affiche partout. L’une de ses peintures les plus connues : le Sitting kid, un petit garçon vu de profil assis en position fœtale.
"L’artiste pour moi est celui qui maintient le lien entre l’enfance et l’âge adulte, estime-t-il. Un adulte 'responsable' qui va voir une expo de peinture, qui va à un concert ou au théâtre, pourquoi le fait-il ? Pour retrouver ce qui est enfoui au fond de lui, et qui tient de l’enfance. La plupart de nos émotions ce sont des souvenirs ou des nostalgies."
Les œuvres inédites de cette expo - à l'invitation de la galerie Mathgoth - explorent quatre thèmes : l’autoportrait, l’enfance, la musique et le paysage urbain. On découvre ainsi un nageur donnant l’illusion de traverser en crawl un passage clouté du quartier de Shibuya à Tokyo. Plus loin, on se laisse prendre par la moue concentrée de Bob Dylan et celle, boudeuse, d’une fillette en salopette qui toise un oiseau.
"On peut peindre à la verticale, sur tous les supports, il n’y a pas de trace de coups de pinceaux, donc c’est magique, et si c’est à travers un pochoir et qu’on peut faire 50 fois la même image comme ça, ça donne une sensation de puissance, et on devient accro, c’est une addiction."
Un portrait vidéo éclaire le parcours de ce chef de file du street-art qui fut parallèlement prof d’anglais jusqu’en 2008. Grâce à une installation monumentale, Jef Aérosol recrée un espace urbain où fourmillent assis, debouts, couchés, 200 personnages, grandeur nature, sur cartons peints.
Dans cette jungle chaotique, Keith Richards fait hurler sa guitare sous les yeux de Basquiat ; Gainsbourg s’adosse à une cabine téléphonique pendant que Woody Allen semble se demander ce qu’il fait là…
Pas loin d’un ange, Hitchcock est prêt à dire "Moteur !". Tandis que Jimmy Hendrix et Pete Doherty s’enracinent sur le macadam, où joue un enfant accordéoniste de l’entre-deux-guerres. Les générations se croisent et semblent avoir tant de choses à se dire. Pour voir du vivant en noir et blanc !
Et Jef Aérosol de conclure :
"La vie, c’est un énorme bouquin avec plein de pages, moi j’essaie de n’en arracher aucune. Quarante ans de pochoirs, 65 ans, c’est le temps qui passe, et cette espèce de mystère de la vie…"
Chut, un artiste passe…
EN PRATIQUE
L’exposition se tient 147, Avenue de France – 75013 Paris
Jours et heures d’ouverture : du mercredi au dimanche de 15h00 à 19h00 – Matinée réservée aux scolaires et aux centres de loisirs.
Facebook : Jef Aérosol Instagram : Jef Aérosol
GALERIE MATHGOTH - 34, rue Hélène Brion 75013 Paris
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