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C'est mon week-end. Confinement : s'inscrire à un atelier d'écriture en ligne

Et si vous testiez un atelier d'écriture à la maison ? Les périodes de confinement sont pour certains l'occasion de prendre la plume. Une activité pour initiés et débutants que l'on peut aussi partager en famille. 

Article rédigé par franceinfo, Ingrid Pohu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les ateliers d'écriture sont proposés en présentiel et à distance.  (GETTY IMAGES / EYEEM)

Qu'on se le dise, un atelier d’écriture n’a rien d’un cours de français ! "On ne fait pas une dissertation comme à l’école. En atelier, c’est vraiment l’écriture plaisir." Et on ne parle pas d’exercices mais plutôt de propositions, comme le souligne encore Camille Berta, qui anime aussi des ateliers d’écriture en présentiel et en visio sur Internet.

Un atelier d’écriture, c’est un lieu de création. Écrire, ce n’est pas un acte qui consiste à poser sur le papier une pensée, qui est déjà élaborée. Ça permet justement d’élaborer ce qu’on a à dire, ce qu’on ignorait jusqu’alors. On s’autorise à construire des récits qui sont portés par ses histoires, ses souvenirs. Mais aussi par son imaginaire. 

Camille Berta, animatrice d'ateliers d'écriture

Lors de son atelier, Camille nous ouvre l’oreille en lisant un extrait de Coquelicot d’Anne Sylvestre dans lequel l'auteure, compositrice et interprète, récemment disparue, portraiture avec tendresse l’édredon de son enfance.

Puis, Camille nous propose de faire à notre tour l’éloge d’un objet de notre quotidien. "Et à chaque fois, il faut donner à voir, à entendre, à sentir en faisant appel à vos émotions ; les cinq sens pour nous faire découvrir cet objet, et qu’on le sente, qu’on le touche, qu’on l’éprouve. Chaque détail compte, soyez vraiment précis : les matières, les sensations, les couleurs…"

Vingt minutes plus tard, nous voici invités à lire "l’éloge à notre paire de lunettes". Voici le début : "Chère paire de lunettes, tu as pointé le bout de ton nez à mes 17 ans. Myope, le constat est vite tombé. Tu as deux verres ovales et tu es cerclée de métal argent. C’est drôle, parce que tu fais à la fois écran avec la vie, tu m’en protèges, et en même temps, tu me permets de la voir en plus clair… Ton poids sur mon nez ? J’y suis habituée. Ton cliquetis quand je te pose sur ma table de chevet ? Il me rassure. Car il m’indique un temps précieux à venir : celui des rêves ouverts et des paupières closes…"

"En fait, lire son texte, c’est comme une manière de le publier", insiste Camille Berta.

Un atelier d'écriture permet de libérer sa plume et d'aller puiser en soi, dans ses souvenirs et dans son imaginaire. (GETTY IMAGES / PHOTOALTO)

On peut aussi s’exercer à écrire des brèves du quotidien, des portraits, détailler une rencontre. L’Appli One Note de votre smartphone, un carnet, un ordinateur : tous les supports sont bons pour laisser courir ses mots. En atelier, on peut s’inspirer de la première phrase d’un début roman. "Tout le monde démarre, on y arrive toujours. Le frein de dire : je n’ai pas d’imagination, il est vite levé."

"C’est comme si le cahier écrivait tout seul. Comme si l’histoire s’écrivait toute seule." Eléonore francilienne de 9 ans, participe aux ateliers en ligne d’Aleph Ecriture grâce à l’appli Zoom. Elle a inventé une histoire fantastique, où elle voyage dans un plat de pâtes. Elle y croise un magicien. "Là, j’avais fait une histoire plutôt dans le fantastique. Je vois les personnages qui sont à côté de moi. Et moi, je m’évade vraiment dans le livre, et dans mes histoires aussi."

Le plus joli mot de la langue française pour notre jeune plume en herbe ? "Celui que je trouve le plus magnifique c’est le verbe ‘Adoucir’. J’aime bien aussi les mots qui ont un sens plutôt guerrier comme ‘Révolution’. Parce qu’on peut écrire des histoires tristes, et j’aime bien ça. On peut écrire tellement d’histoires à partir d’un mot !"

Voici un extrait du texte d’Eléonore intitulé "Le Voyage".

"Il y avait plusieurs sièges. Les sièges étaient dans un vide infini. Chaque matin, trois personnes venaient s’y asseoir. Ces trois personnes étaient toujours les mêmes : deux messieurs et une dame. Ils attendaient chaque jour la même chose : le voyage tant espéré était un voyage dans un pays inconnu.

Ils avaient attendu dix ans pour prendre cet avion qui envoie partout, par ci, par là. Jack, le vieil homme qui attendait toujours sur le siège de gauche, n’avait toujours pas pris l’avion de ses rêves. Annie, qui occupait le siège du milieu, avait 30 ans, et rêvait de cet avion depuis l’âge de 3 ans. Et enfin, Peter était trop bête pour savoir ce qu’il attendait. S’il n’y avait pas eu de tempête, ces gens-là se seraient sûrement ennuyés à attendre l’avion qui n’arriva jamais."

EN PRATIQUE

- Le texte de l’atelier était tiré de : Coquelicot et autres mots que j’aime d'Anne Sylvestre – Points  

- Livres avec de nombreuses pistes d’écriture :

L’agenda du (presque) poète – Bernard Friot (auteur) Hervé Tullet (illustrateur) – De la Martinière Jeunesse : ce livre jeunesse s’adresse à tous. 365 jours et donc 365 activités d’écriture proposées.  

OULIPO L’Abécédaire provisoirement définitif – Paul Fournel, Michel Audin – Larousse : pour découvrir les contraintes d’écriture et les créations des Oulipiens et s’essayer à l’écriture.

Ateliers d'écriture de Camille Berta

Ateliers Aleph-Ecriture : école d’écriture créée en 1985 qui propose des ateliers en présentiel à Paris et dans certaines grandes villes et à distance.  

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