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C'est mon époque. Les arnaques à la rénovation énergétique

Les démarchages de travaux de rénovation pour réduire les consommations d'énergie sont de plus en plus mal effectués. Des centaines de cas de litiges se dénombrent en France.

Article rédigé par franceinfo, Sophie Auvigne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des travaux d'isolation d'une maison. (MAXPPP)

Nos logements produisent 20% des gaz à effet de serre. Il faut coûte que coûte faire des travaux de rénovation pour réduire nos consommations d’énergie mais pas comme on vient de le faire depuis un an. Que choisir dénonce un raz de marée de litiges.

D’abord halte au démarchage à domicile. L’association de défense des consommateurs croule sous les dossiers de réclamations. L’an dernier on a frôlé les quatre millions d’euros de préjudice, contre moins de deux d’ordinaire chaque année, le tout lié à cette technique de vente particulièrement agressive et inéquitable. Pour le prouver Que choisir a étudié 300 dossiers à la loupe.

Pour un petit tiers, le litige commence dès la première étape du démarchage avec des commerciaux insistants qui vont jusqu’à faire signer plusieurs commandes successives, comme pour cette femme seule de 88 ans qui a fini par accepter près de 16 000 euros de travaux d’isolation,soit plus que ses revenus annuels.

Pour 22% des litiges, c’est la deuxième étape qui pose problème : le droit de rétractation pendant 14 jours, parce qu’il n y a pas d’information sur le bordereau, ou bien le bon de commande est antidaté et ne permet pas de revenir en arrière ou encore parce que le commercial glisse vers des manœuvres d’intimidation et là évidemment les consommateurs les plus vulnérables sont visés.

Bilan désastreux

43% des dossiers portent sur la rentabilité de ces investissements. Beaucoup moins bon que prévu, surtout pour le photovoltaïque. D’abord dans l’immense majorité des cas les travaux effectués ne sont pas les bons. Ensuite une fois sur quatre, le bénéfice retiré est inférieur au coût. Exemple, ce client qui rembourse chaque année plus de 7 000 euros pour la pose de ses panneaux solaires, quand l’électricité produite ne lui en rapporte pas 1 500 ! Il y a les malfaçons découvertes trop tard. L’entreprise ne répond plus, elle est en liquidation. Pourtant et c’est ce qui met très en colère Que choisir, derrière le montage de ces dossiers il y a bien souvent une grande banque.

Les banques ont une part de responsabilité dans ces litiges. Que choisir évoque même la défaillance des contrôles des banques en matière d’installation photovoltaïque. Selon l’association, c’est parce que les banques ont des partenariats avec des démarcheurs qu’elles permettent à des sociétés sans scrupule de sévir avec des factures deux fois supérieures à celles des professionnels traditionnels, avec des crédits accordés qui ne sont pas les bons, des crédits classiques au lieu de taux zéro avantageux pour les consommateurs mais deux fois moins rentables pour les banques. Que choisir demande donc un cadre juridique notamment pour responsabiliser les banques.

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