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Emploi : quand les candidats à l'embauche n'ont pas suffisamment confiance en eux

D’un côté des entreprises qui ont un mal fou à recruter, et de l’autre des candidats qui n’osent pas postuler à une offre d’emploi. Ils sont nombreux, selon une étude menée par l’école de commerce EM Normandie.
Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Un candidat passe un entretien. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

C'est un travail de recherche très original et éminemment d’actualité, mené par le sociologue Jean Pralong. Il s’est intéressé à ces candidats qui préfèrent ne pas postuler à une annonce d’emploi, qui correspond pourtant à leur profil, parce qu’ils estiment qu’ils ont trop de chances d’être refusés. 165 comptables, tous en recherche d’emploi, ont été confrontés à de véritables annonces. Qui avaient tout pour leur plaire : les compétences et les lieux d’exercice de l’emploi.

Résultat : moins de la moitié des candidats, 46%, ont décidé de postuler. Parmi les candidats qui renoncent, 80% estiment que la probabilité d’être choisi est trop faible. Et chez ceux qui postulent, deux sur trois pensent qu’ils ont de bonnes chances de succès. Trois groupes de candidats avaient été constitués. Ceux qui s’autocensurent le plus, ce sont ceux qui ont eux des carrières hachées, avec peu d’augmentations salariales et peu de formations. Ceux qui ont eu des carrières linéaires, au contraire, n’hésitent pas à répondre aux annonces.

Ceux qui ne postulent pas redoutent l’échec et ne veulent pas être confrontés à des émotions négatives engendrées par les refus. Contrairement aux idées reçues, les chercheurs d’emploi ne postulent pas en masse, en volume. Quand ils craignent que le processus de recrutement leur soit défavorable, alors ils s’auto-éliminent. Autre facteur d’élimination, l’opacité des processus de recrutement. Jean Pralong, l’auteur de cette étude, pose la question : "Qui a envie de participer à un jeu dont il ne connaît pas les gains, les compétiteurs, et l’arbitre ?"

Trop de discours abstraits


Pour attirer davantage de candidats, Jean Pralong recommande que les annonces parlent moins de l’entreprise, mais plus du processus de recrutement. Quand va-t-on répondre ? Combien y aura-t-il d’entretiens ? Va-t-on faire passer des tests ? Qui est en charge du recrutement ? Du concret, alors que, selon lui, les annonces donnent la part belle à des discours abstraits sur ce qu’il est convenu d’appeler "la marque employeur".


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