Devenir prof séduit salariés du privé et chômeurs

François Hollande avait annoncé 60 000 nouveaux postes d'enseignants d'ici 2017. Cette année, ce sont environ 20 000 professeurs qui devraient être recrutés. Parmi eux des étudiants qui se préparent depuis longtemps à ce métier, bien sûr. Mais pas que.

Prof, une reconversion

Parmi les candidats, de plus en plus de chômeurs et de salariés du privé qui cherchent une reconversion. Dans le secondaire, les candidats qui viennent de l'entreprise privée, les demandeurs d'emploi et les fonctionnaires d'autres corps ont représenté... plus d'un candidat sur cinq à la session 2013 des concours. Pour s'inscrire aux concours, c'est justement maintenant, depuis le 11 septembre et jusqu'au 21 octobre. Dans le primaire, ce mouvement de reconversion reste marginal, selon le syndicat SNUIPP-FSU. Très peu d'anciens salariés du privé se réorientent vers le métier de professeur des écoles. Notamment parce que le salaire n'est pas très attractif. Cela dit, une note du ministère de l'Éducation nationale relève tout de même que les candidats "extérieurs" sont passés de 10 à 13% des admis au concours.

L'enseignement secondaire à la côte

 C'est surtout dans le secondaire que le mouvement est marqué. C'est même une tendance qui explose, selon certains observateurs. Le syndicat SNES remarque que, surtout dans des disciplines techniques et scientifiques, de plus en plus de nouveaux profs sont d'anciens salariés en reconversion professionnelle.

Cinq ans d'expérience mais pas d'obligation de diplôme

Depuis 2009, si on a au moins cinq ans d'expérience en entreprise privée, on peut passer le "troisième concours" qui donne accès au métier d'enseignant sans condition de diplôme. Idem si on est père ou mère de trois enfants, ancien sportif de haut niveau ou travailleur handicapé. Le nombre de poste est limité mais cette nouvelle voie attire des candidats. Surtout des femmes, du reste.  L'autre moyen de devenir prof, c'est de passer le concours externe. On se retrouve en concurrence avec les étudiants qui s'y préparent depuis plusieurs années. Et il faut au minimum être titulaire d'un M1 pour se présenter.

Cinq à six mois ne sont pas de trop pour se préparer aux épreuves. Pour le concours du primaire, par exemple, pas besoin d'avoir été un premier de la classe : il faut être bon dans tous les domaines enseignés à l'école.

Des profs qui quittent l'Éducation nationale

 Si le mouvement du privé vers l'école s'accentue sous la pression du chômage, le mouvement inverse s'amorce aussi. Le SNUIPP-FSU, syndicat du primaire, observe que de plus en plus de prof ne se voient pas faire toute leur carrière dans l'enseignement. 30 % d'entre eux disent vouloir faire autre chose. Et pour un quart d'entre eux, l'avenir se situe en dehors de l'éducation. Pourquoi pas dans le privé.