C'est mon boulot. Muriel Pénicaud, la fibre sociale
La nouvelle ministre du Travail s'appelle Muriel Pénicaud. 61 ans, DRH pendant vingt ans, notamment chez Danone, elle a fait des allers et retours entre le privé et le public, commençant sa carrière avec Martine Aubry, alors qu'elle était... ministre du Travail.
"Très rapide", "grosse bosseuse", "de l'énergie à revendre". Ce sont quelques-uns des mots que l'un de ses anciens collègues DRH, qui l'a également côtoyée dans le cabinet de Martine Aubry, emploie à l'endroit de la nouvelle ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
Il la revoit parcourant à toute allure les couloirs de la rue de Grenelle, au début des années 90, alors qu'elle se débattait contre une montagne d'amendements. Elle était alors spécialiste de la formation professionnelle, une carte qui lui sera utile dans sa nouvelle mission, tant Emmanuel Macron en fait l'une de ses priorités.
Super VRP
Elle vient de passer presque trois ans à la tête de Business France. Sa mission était de vanter les PME françaises à l'étranger et d'attirer les capitaux en France. Elle a sillonné le monde pour déminer le "french bashing" tellement à la mode. Mais cette mission de super VRP ne doit pas faire oublier ses vingt ans passés chez Danone, chez Dassault Systèmes, puis de nouveau chez Danone comme directrice des ressources humaines.
Cette Meudonnaise aux yeux verts dit qu'elle "parle le même langage que les patrons". Elle connait très bien la gouvernance des grands groupes : elle a été aussi administratrice d'Orange et de la SNCF. Reste à voir si elle sera aussi à l'aise dans les relations avec les syndicats, mais Jean-Claude Mailly parlait hier soir d'une nomination "rassurante".
Le travail, "un lieu (...) d'épanouissement et de lien social"
Muriel Pénicaud s'est également fait remarquer sur le terrain du stress au travail. Elle a cosigné un rapport sur les risques psychosociaux en 2010, après les vagues de suicide chez Orange et chez Renault. Ce travail avait fait l'unanimité. Dans une récente interview à Psychologie Magazine, elle défendait le travail, comme "un lieu d'identité, de valorisation, d'épanouissement et de lien social". Et elle regrettait aussi que l'on ait "trop individualisé le travail et cassé les collectifs".
Quand elle était DRH, Muriel Pénicaud s'est aussi beaucoup investie dans le social. Elle a développé un système de couverture sociale pour les 100 000 salariés du groupe. Et, peut-être plus innovant, elle a fait reposer un tiers de la rémunération variable des 1 500 directeurs du groupe sur des critères environnementaux et sociaux comme le nombre de formations des salariés, la sécurité au travail ou la réduction de l'empreinte carbone.
On a peut-être le signe que la nouvelle locataire de la rue de Grenelle ne sera pas seulement ministre de l'Emploi - et du chômage - mais aussi une ministre du Travail, un sujet souvent laissé au second plan.
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