C'est mon aventure. À huit ans, Leandro a parcouru 1 500 km en 65 jours sur la Via Francigena
Pendant le premier confinement, en mars 2020, Leandro est parti à l'assaut de ce chemin de pèlerinage ralliant Cantorbéry en Angleterre à Rome, en passant par la France et la Suisse. Il est parti de Langres, en Haute-Marne.
"Pour moi l’aventure c’est d'aller marcher, par exemple dans la forêt, c'est aussi de rencontrer des animaux. Voilà c’est un peu tout ça !" note Leandro.
S'élancer sur la Via Francigena, une grande voie de pèlerinage médiévale. Voilà l'incroyable défi que Leandro, Francilien de huit ans, s'est lancé avec sa maman photographe, Céline Anaya Gautier. Elle a partagé avec lui cette extraordinaire odyssée. Céline a institué un rituel : le passage de petit homme. Cela consiste pour ses deux fils à réaliser avec elle à leurs côtés un périple à pied "qui fait grandir". Santiago, le grand frère de Leandro a réalisé tout jeune aussi le chemin de Compostelle. Pour lui, c'est donc la Via Francigena.
Au début, comme je ne m’étais pas beaucoup entraîné, ça faisait mal aux pieds
Leandrosur franceinfo
"Tu prends ton temps quand tu marches, ça ne sert à rien de courir pour arriver au but parce que tu épuises tes forces, alors que tu peux simplement y aller piano, piano." raconte Leandro. Il a traversé les forêts du Jura, immenses et sauvages. "On était dans le brouillard, dans des grands sapins noirs, et là j'ai imité le loup, jusqu'au moment où on a entendu un vrai loup ! On a eu peur, quand même, parce que tu ne sais pas vraiment ce qui peut t'arriver. Et du coup, après, on avançait en silence."
Les gorges de la Noailles dans le Doubs ont aussi beaucoup marqué le jeune randonneur. C'est un lieu "où la nature a repris ses droits, on a l'impression d'être chez soi. Il y a une montagne avec un chemin tout droit et c'est assez dangereux parce que c'est très raide. Ensuite, j'y ai découvert une cascade et une grande grotte, c'est magnifique ! Et ça te touche. Et tu entends le vent qui souffle, c'est beau aussi et du coup tu es paisible. Je me suis aussi reposé, j'ai mangé des bonbons." Son plat préféré pendant ces deux mois ? "La soupe!" Et quand Leandro n'en pouvait plus de marcher, il faisait des pauses : "J'enlevais mes chaussures pendant dix-quinze minutes et après on continuait la marche."
De "Ce n'est pas juste" à "J'ai de la chance"
Dans les Alpes, lors du passage du col du Saint-Bernard, Leandro a appris le salut scout suisse. Et il a dû dépasser sa peur de l’orage. "Une fois dans un gîte, il y a eu un pélèrin qui ronflait tellement fort qu'on n'entendait plus le bruit du tonnerre !", rigole Leandro, qui a hurlé comme un loup dans la plaine du Pô en Italie parce qu'il était mouillé des pieds à la tête à cause des pluies. Et pendant son chemin initiatique, il a troqué l'expression "ce n'est pas juste" contre une envolée plus positive, "J'ai de la chance".
En 65 jours de marche, il a traversé toutes la palette des émotions: "Tristesse, colère, joie... On a tout fait. Et j'ai compris qu'il ne faut jamais rien lâcher et ne jamais abandonner. Même si tu sens que tu as mal et que tu n'es pas bien, si tu veux, fais des pauses, mais en tout, cas avance. Parce qu'après tu es content quand tu arrives au point final." Jamais découragé ? "En fait, ce qui me motivait, c'était d'arriver à Rome et de manger des pizzas. Et quand tu es sur la place Saint-Pierre, tu es heureux ! Et ça fait du bien au cœur parce que tu sais que tu peux surmonter tes peurs. Du coup, j'ai dévoré ma pizza!"
"Ciao Pellegrino !", le livre de Céline Anaya Gautier racontant son pélèrinage avec son fils Leandro sort le 2 septembre prochain, aux éditions Guy Trédaniel.
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