Une appli pour faciliter le diagnostic précoce de l'autisme

Une application, conçue par des spécialistes de l'autisme, pourrait permettre de réaliser facilement le diagnostic d'autisme, avant l'âge de 3 ans. Un enjeu crucial pour la prise en charge précoce, trop rare aujourd'hui.
Article rédigé par franceinfo - Géraldine Zamansky
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une application "Sense To Know" pour dépister l'autisme chez les tout petits, le plus tôt possible. (SENSE TO KNOW / DUKE UNIVERSITY)

Nature Medicine a publié, le 2 octobre 2023, une information qui va modifier les conditions de dépistage de l'autisme, chez les enfants de moins de 3 ans. Une application, conçue par des experts de l’autisme, qui pourrait permettre de déceler ces troubles très tôt. Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5, nous explique en quoi ce nouvel outil est d'un enjeu crucial dans ce domaine.

franceinfo : C’est un véritable espoir de progrès dans l’accompagnement précoce des bébés concernés ? 

Géraldine Zamansky : Oui, vraiment, cette application a pu dépister l’autisme de 49 bébés parmi 475 enfants, âgés d'un an et demi à 3 ans. Parmi eux, 9 avaient été "manqués" par les évaluations classiques. Ce nouvel outil, bien plus efficace, a été conçu par l’équipe du Pr Géraldine Dawson, psychiatre à la Duke University. Ils ont créé un ensemble de tests, réalisables en seulement 10 minutes, avec une tablette ou un smartphone, équipés d’une caméra. 

Une caméra pour enregistrer les réactions des bébés ? 

Exactement. Des réactions décryptées à travers les mouvements de la tête, des yeux, des lèvres ou des sourcils. Avec, en tout, 49 points, suivis au millimètre près par cette caméra, associée à un logiciel créé pour "traduire" les résultats. C’est ce que m’a expliqué Sam Perochon, le français de l’équipe, doctorant à mi-temps aux Etats-Unis, et ici, à l’École normale supérieure Paris-Saclay.

Les vidéos et le jeu proposés aux bébés sur l’écran, permettent de tester les comportements caractéristiques de l’autisme. Il peut se traduire, dès les premiers mois, par une moindre attention aux autres, l’absence de réponse à son prénom, des expressions et des relations affectives particulières. Ou encore des mouvements plus lents. 

Mais un bébé qui a mal dormi pourrait-il être faussement dépisté, parce qu’il est juste "au ralenti" ? 

Je vous rassure, le décryptage réalisé évite ce genre de "piège". Bien sûr, le moindre temps de regard vers l’écran est un élément clé de ce dépistage. Mais pas seulement. Sam Perochon précise que le système est par exemple capable de faire la distinction entre des mimiques "neurotypiques", et celles, imprévisibles, des bébés souffrant d’autisme. Pareil pour certaines façons de réagir à l’appel de son prénom. Le tout, avec une précision impossible à atteindre "à l’œil nu".

Résultat, l’application identifie même les domaines de plus grandes difficultés, où l’aide doit être renforcée. Car on sait aujourd’hui que l’autisme est un trouble du développement neurologique. Plus des accompagnements spécifiques commencent tôt, plus ils sont efficaces sur le cerveau en pleine croissance. Un petit peu comme la rééducation, après un accident vasculaire cérébral. Alors espérons que cette application confirme ce premier résultat à plus grande échelle.  

Des équipes françaises pourraient participer à ce développement ?  

Tout à fait, puisque le lien franco-américain est même déjà fait par Sam Perochon ! 

 

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