Santé des femmes : le rôle trop méconnu de l'activité physique face au cap de la ménopause
Une grande revue médicale ouvre ses pages à un "coup de gueule" concernant les trop rares études consacrées à l’activité physique au féminin. Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5, revient aujourd'hui sur une étude qui pose la question de ce manque de recherche, notamment en matière de ménopause.
franceinfo : Ce manque de recherche est particulièrement criant pour les femmes qui approchent ou traversent la ménopause ?
Oui, déjà les auteurs de cette alerte ont montré que moins de 10% des recherches consacrées au sport et à l’activité physique s’intéressent uniquement aux femmes. Et ces études ne comprennent alors que 9% de participantes âgées de plus de 50 ans. Alors qu’elles représentent près de la moitié de l’ensemble de la population féminine française, par exemple… Les quatre signataires britanniques et américaines de cet éditorial dans le British Journal of Sports Medicine, appellent donc la communauté scientifique à se mobiliser d’urgence.
J’imagine qu’il ne s’agit pas seulement d’une question de parité statistique ?
Vous avez raison, c’est une question urgente car cruciale pour la santé des femmes confrontées à la ménopause. Le Dr Brigitte Letombe, gynécologue spécialisée dans leur prise en charge m’a expliqué combien l’activité physique peut en réduire l’impact négatif. Car l’arrêt du fonctionnement des ovaires fait chuter la production d’œstrogènes.
Et au-delà de la fertilité, ces hormones agissent aussi au niveau des os, de la peau, du cerveau, du cœur... impossible de tout citer. Avec pour principaux risques, la fragilisation osseuse, l’ostéoporose, des problèmes cardiaques, une fonte musculaire, des douleurs articulaires, un sommeil perturbé ou encore un trouble dépressif.
Et l’activité physique pourrait donc lutter contre ces nombreuses menaces ?
Tout à fait. La marche par exemple est bénéfique pour les os, car l’impact avec le sol stimule leur régénération. Mais aussi pour le cœur, surtout si le rythme est soutenu. Les muscles bien sûr, et les articulations. Sans oublier une efficacité contre la dépression, comme toutes les activités physiques. En fait, insiste le Dr Letombe, l’essentiel est de trouver celle qui fait plaisir. Et de la commencer au moins dès les premiers dérèglements. On parle de la péri ménopause.
Le piège, c’est qu’elle entraîne souvent une véritable fatigue. Il faut résister à l’appel du canapé et ne pas hésiter à consulter un spécialiste pour mieux traverser cette révolution hormonale, en continuant à bouger. Une femme sur trois peut avoir besoin d’un traitement "compensateur". Or aujourd’hui, elles sont moins d’une sur dix à en bénéficier. Donc l’alerte peut être élargie au-delà de la science du sport, il faut mieux prendre en charge la ménopause.
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